«Le Cavalier bleu» et la libération de la couleur

En 70 œuvres et plus de 90 objets, la Fondation Beyeler met en lumière une période qui a révolutionné l’histoire de l’art. «Kandinsky, Marc & Le Cavalier bleu», c’est tout un programme exposé près de Bâle en Suisse. Il s’agit de la rencontre, à Munich, entre le peintre russe Vassily Kandinsky et l’Allemand Franz Marc à l’aube de la Première Guerre mondiale. Une rencontre d’où est issu un recueil avant-gardiste nommé « Le Cavalier bleu ».

Des paysages de lacs et de montagnes baignés dans la lumière, des animaux aux teintes irréelles et des compositions abstraites radieuses : ces tableaux semblent former une véritable symphonie de couleurs et de formes. Ulf Küster, commissaire de l'exposition Kandinsky, Marc et Le Cavalier bleu, et Yves Guignard, conférencier à la Fondation Beyeler.

« Le Cavalier bleu »

« Le Cavalier bleu n’est pas un mouvement ou un groupe, mais c’est le titre d’un livre édité par Franz Marc et Vassily Kandinsky qui propose une idée de l’art sans hiérarchie, sans frontières, absolument international, relié par la nécessité intérieure », avance Ulf Küster, le commissaire de l’exposition. « Kandinsky raconte l’anecdote de la manière suivante, poursuit Yves Guignard, conférencier à la Fondation Beyeler : Marc, comme moi, aimait le bleu. Lui aimait les chevaux, moi j'aimais les cavaliers. »

Les deux artistes se sont rencontrés en 1911 à Munich dans le sud de l'Allemagne. Ils n'ont qu'une envie : s'affranchir de l'académisme. « Ils ont vraiment libéré la couleur du devoir d'être figurative et le dessin de faire un contour » analyse Ulf Küster. Ce sont les débuts de l'abstraction, d'une transformation radicale des arts.

Des images de toutes origines

« La grande révolution du Cavalier bleu, ça a été de réunir dans une même publication des images qui pouvaient provenir absolument de toutes les sources, de toutes origines : des dessins d’enfants à côté de sculptures chinoises, de marionnettes égyptiennes, de tableaux de Picasso extrêmement modernes, mais aussi des sculptures océaniennes », explique Yves Guignard.

Cet almanach, paru en 1912 en 1 500 exemplaires, est au cœur de l'exposition. Car même si la Première Guerre mondiale a mis fin à l'aventure, le livre reprend vie à la Fondation Beyeler à travers des objets réels : une sculpture de Bali, un masque du Gabon, un autoportrait du compositeur autrichien Arnold Schönberg, particulièrement admiré par Kandinsky.

« Ça va donner l’art abstrait »

« Il se considérait vraiment comme l’égal de Schönberg, raconte Yves Guignard. Schönberg avait fait sa révolution en introduisant la musique atonale, et Kandinsky dit : voilà, moi je vais introduire de l’atonal ou la dissonance dans l’art. Et ça va donner l’art abstrait. »

Le parcours de l’exposition se termine justement par une œuvre abstraite de deux mètres sur trois mètres, Composition VII, un hommage à la musique et le plus grand tableau jamais peint par Kandinsky. Un parcours marqué par le bestiaire fantastique de Franz Marc : Le Renard bleu noir, un magnifique Cheval dans un paysage avec sa crinière bleue sur fond jaune et vert, une imposante Vache jaune et, bien sûr Les grands chevaux bleus.

Kandinsky, Marc & Le Chevalier bleu, exposition à la Fondation Beyeler, en Suisse, jusqu'au 22 janvier 2017.

Partager :