Huppert et Depardieu transpirent dans le «Valley of Love»

Encore une histoire morbide en compétition au Festival de Cannes. Après le décevant Sea of Trees (La Forêt des songes) de l’Américain Gus Van Sant, le réalisateur français Guillaume Nicloux nous emmène en Californie. Pour Valley of Love, il a même ressuscité le couple Isabelle Huppert et Gérard Depardieu qui n’avait plus travaillé ensemble depuis Loulou de Maurice Pialat en 1980.

Le Valley of Love, « la vallée de l’amour », s’appelle en réalité Death Valley, « la vallée de la mort ». C’est écrit en grand sur la casquette rouge de Gérard Depardieu qui joue dans le film le rôle de Gérard, qui adore de se balader torse nu, mais aussi le rôle de Depardieu qui fustige de cet endroit perdu et des Américains incultes lui réclamant des autographes. Il transpire beaucoup et se plaint encore plus : de la chaleur, de son ex-femme, Isabelle, et de ce truc bizarre auquel il ne croit absolument pas.

Ce truc, c’est Isabelle qui voulait absolument le satisfaire : le dernier souhait de leur fils Michael, qui vient de se suicider, il y a six mois. Dans une lettre aux deux parents séparés, Michael leur demande « d’être présent dans la vallée de la mort le 12 novembre 2014 » avant d’ajouter : « nous nous reverrons, je vous le promets. Je serai dans un des sept lieux de la vallée de la mort ».

Un rendez-vous étrange

Guillaume Nicloux nous fait vite comprendre qu'Isabelle (beaucoup) Huppert (un peu) a de nombreuses raisons de se rendre à ce rendez-vous étrange, pour ne pas dire mystique. Elle avait mis son fils, à l’âge de sept ans, en pension. Depuis le contact était pratiquement inexistant, la mère n’avait même pas assisté à son enterrement. Dans ces contrées désertiques et montagneuses seront alors conjurés le père et la mère, la mort et le deuil. Dans cette vallée nommée « piège à vérité » par le réalisateur, les deux parents se retrouvent, 30 ans après leur séparation, pour se rapprocher de leur fils mort.

Chercher la vérité dans la fiction, la vie dans la mort, la source dans le désert, la hauteur dans une vallée. Voilà des idées sublimes trop rarement réussies dans cette introspection théâtrale où le personnage de Gérard (un peu) Depardieu écrase le paysage avec sa présence.

Quant à la mise en abyme du couple Huppert-Depardieu, elle est à la fois trop évidente et trop absente pour produire un effet. Accrochons-nous plutôt aux instants de grâce, comme la lecture des lettres où le ton d’intimité fait jaillir les sentiments en mode panoramique. A ces moments-là, la vallée de la mort se transforme en Valley of Love.

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