Vacances riment-elles avec lectures pour vous ?
Vacances riment avec lecture pour mon plaisir. Parce qu'en temps normal, c'est lecture du quotidien: L'Equipe dans le train, le matin à l'aller, pour être au fait de l'actualité sportive. Puis c'est lecture du Monde, au retour, histoire de ne pas être largué sur le gros de l'actualité. Le reste du temps est consacré à la lecture des hebdomadaires (Le Canard Enchaîné, Le Nouvel Observateur, L'Express, etc.). Du coup, j'ai à peine le temps de lire les magazines auxquels je suis abonné pour mon plaisir (National Geographic, Psychologies Magazine, etc.). Et les romans, je n'en parle même pas... Le seul truc que je peux lire facilement, ce sont les mangas. La lecture d’un volume dure rarement plus de 45 minutes. Je crois bien que j’ai dû accumuler près de 700 mangas, en l’espace de 20 ans…
Est-ce que les vacances sont propices à un certain type de lecture ?
Je lirai ce que je n'ai pas eu le temps de lire, ce que je suis frustré de ne pas avoir pu lire. Ça va du roman, aux ouvrages d'histoire, en passant par des bandes dessinées. J'ai notamment mes petits « rochers de Sisyphe »: des ouvrages très volumineux que j'ai commencé plusieurs fois à lire mais que je n'ai jamais réussi à finir. Il y en a trois , notamment, dans ma bibliothèque que je regarde souvent avec un mélange de dépit et d'envie : Victimes: histoire revisitée du conflit arabo-sioniste de Benny Morris qui est une référence sur le sujet ; Une histoire populaire des États-Unis d'Howard Zinn, qui narre l'histoire des luttes sociales aux États-Unis et Une nouvelle histoire du Japon de Pierre-François Souyri que je voulais absolument lire avant d'aller au Japon...
Quand et comment lisez-vous pendant les vacances ? Matin ? Soir ? À la plage ou enfermé dans votre chambre ?
Plutôt le soir et plutôt dans la chambre. A la plage, je me lasse vite ; je trouve ça inconfortable.Sinon, il y a un truc que j'adore faire : lire à une terrasse, avec une bière bien fraîche, entouré de gens parlant dans une langue que je ne comprends pas. Ça m'est arrivé quelques fois en Ukraine, en Slovénie, en Israël, au Maroc ou au Brésil. Et, je ne sais pas pourquoi mais je trouve ça très agréable.
Que vous inspire le livre numérique ?
Je n'y suis toujours pas passé, au grand dam de ma femme qui m'a offert une liseuse pour mon anniversaire, il y a quelques années... En fait, j'ai accumulé tellement de livres-papier à lire, que je n'ai pas encore réussi à faire la bascule vers le numérique. Pourtant, je trouve ça mieux d'un point de vue écologique. Et j’ai été totalement converti à la lecture de la presse sur écran tactile.
D’où vient votre goût pour la lecture ? Y avait-il beaucoup de livres chez vous quand vous étiez petit ?
Oui, il y avait beaucoup de livres chez mes parents et plusieurs bibliothèques. Dont une dans les toilettes... Ce qui faisait beaucoup rire certains copains qui venaient à la maison. Mon père avait pas mal d'ouvrages d'histoire centrés sur les puissants et des bouquins de sciences. Ma mère était davantage branchée littérature classique et contemporaine, ainsi que psychologie.Ça a sans doute influencé mes goûts puisque j'ai fait des études d'histoire et que j'aime la littérature contemporaine, ainsi que les sciences humaines. Cela dit, au collège, je lisais beaucoup de magazines de jeux vidéo et de sports. Ce n'est que bien plus tard, vers 14-15 ans, que j'ai commencé à lire davantage de livres.
Votre premier souvenir de lecture ? Souvenir des livres qui vous ont structuré pendant l’adolescence ?
Enfant, le premier livre qui m'a marqué s'appelle Les gars de la rue Paul, d'un auteur hongrois. Ce roman raconte l'affrontement de deux bandes d’enfants pour le contrôle d'un terrain vague, à Budapest, au début du XXe siècle. Un livre très triste et qui m'a beaucoup fait pleurer. Et qui est un peu une métaphore de la Première Guerre mondiale.
Plus tard, au collège, j'ai beaucoup aimé L'Enfant de Jules Vallès. Enfin, en entrant à l'université, j'ai été pris aux tripes par la lecture de Portnoy et son complexe de Philip Roth. L'ouvrage se présente comme le long monologue d'Alexander Portnoy, jeune avocat new-yorkais de confession juive, lors d'une séance de psychanalyse. Il y parle de son enfance et de son tiraillement entre ses pulsions sexuelles et un fort sentiment de culpabilité. En lisant certains passages, sur la religion notamment, je me disais « c'est ça, c'est exactement ça ! » Ce qui est drôle, c'est que ma mère et ma sœur ont lu ce roman et l'ont trouvé plutôt amusant, alors que moi je l’ai pris très au sérieux.
Le dernier livre que vous avez aimé lire ?
Dans la catégorie « J'ai bien aimé », je dirais Meurtriers sans visage de Henning Mankell. Il s'agit d'un polar suédois assez agréable, bien que le polar ne soit pas mon genre préféré. Ce que j’ai apprécié, c’est que l’inspecteur Kurt Wallander n’a rien d’un génie. C’est un bon flic, avec d’excellentes intuitions. Mais on est loin de Sherlock Holmes ou d’Hercule Poirot, qui résolvent des énigmes invraisemblables à partir de détails. Sinon, plus anciennement, j’ai adoré le dernier roman d’Irvin Yalom, un célèbre psychothérapeute américain : Le Problème Spinoza. Alfred Rosenberg, idéologue du régime nazi, semblait porter un certain intérêt à Baruch Spinoza, un philosophe néerlandais d’origine juive, qui vivait au XVIIe siècle. Dans son roman, Yalom tente donc d’imaginer ce qu’ont pu être les vies de Spinoza et de Rosenberg, et ce qui a pu lier ces deux hommes totalement opposés.
Un livre que vous aimez donner en cadeau ?
Aux personnes qui s’intéressent à la psychologie, les romans d’Irvin Yalom. Aux pessimistes, les romans de Michel Houellebecq, notamment Extension du domaine de la lutte, mon préféré. Aux hommes, les romans de l’Américain Jonathan Tropper : drôles, légers et doux-amers. Aux femmes, L’Histoire de Pi de Yann Martel, (plutôt bien) adapté au cinéma, récemment.
Le ou les livres que vous ne lirez jamais ?
A moins de devenir journaliste politique, je ne compte pas lire d’ouvrages d’homme et de femme politique. Ce sont des outils de communication et de promotion pour leurs auteurs… L’action politique m’intéresse beaucoup, contrairement à la communication politique déguisée en pseudo-philosophie politique.
Pourquoi est-ce que vous lisez ?
Vaste question! Je pense que lire aide à se construire, à s’affirmer. C’était en tout cas ma croyance lorsque j’étais adolescent et que je me suis mis à lire davantage. Cette idée ne m’a jamais totalement quitté, a priori. Quoiqu’il en soit, lire et écrire sont les deux choses que je préfère le plus.