Vacances riment-elles avec lectures pour vous ?
La lecture fait partie de ma vie. Les vacances signifient souvent changement de rythme. Elles offrent des occasions de se plonger sans limite dans un livre, de se laisser totalement happer par le récit, sans perdre le fil de l’histoire. Certains livres sont liés, dans mon souvenir, à des vacances précises.
Est-ce que les vacances sont propices à un certain type de lecture ?
Les vacances commencent souvent, lors du trajet, par un de ces livres à suspense dont on ne sort pas. Mes favoris sont les polars que je qualifie de « géo-politiques » ; des récits haletants qui rendent intelligents en nous faisant comprendre l’évolution d’un pays. Le Sud-africain Deon Meyer, le Suédois Henning Mankell ou l'Islandais Arnaldur Indridason sont formidables pour cela. J’admire aussi le talent de Fred Vargas ou Arturo Perez-Reverte qui mélangent l’histoire ou les croyances populaires à des intrigues modernes, totalement déroutantes. Je profite aussi souvent de l’été pour lire ou relire des classiques. Une année, j’ai décidé de reprendre Les Rougon-Macquart d’Emile Zola, dans l’ordre. J’y ai compris ce qui m’avait totalement échappé lorsque je les avais lus, au lycée. Je suis un peu monomaniaque. Lorsqu’un auteur me plaît, je suis capable de lire ses ouvrages à la chaîne, surtout quand ce sont des pavés. Mon « été » Alexandre Dumas a duré près d’un an !
Lorsque je visite un endroit inconnu, j’emporte plusieurs livres - romans ou biographies - dont les héros se trouvent dans cette ville ou ce pays. Ce double éclairage est souvent fascinant.
Quand et comment lisez-vous pendant les vacances ? Matin ? Soir ? A la plage ou enfermée dans votre chambre ?
Le matin, en sirotant du thé avant que les autres se réveillent, et ensuite en fonction des activités. J’adore les livres de poche qui ne sont pas lourds, peuvent se glisser dans n’importe quel sac, et être sortis à la première occasion. J’aime beaucoup profiter des vacances avec des amis pour échanger le roman qu’ils viennent de terminer contre le mien.
Ou échanger la tablette numérique ?
L’idée de trimballer autant de mots dans une tablette toute légère est fascinante. Mais je n’ai pas de tablette, et n’ai jamais rien lu d’autre sur un écran que ce que l’on peut consulter sur internet afin de se faire une idée des premières pages d’un ouvrage. C’est peut-être parce que l’écran rappelle le travail, et les heures que l’on passe à consulter les dépêches, le courrier électronique... J’ai un rapport très physique aux livres. Mes ouvrages favoris, lus et relus, sont surlignés, parfois annotés de réflexions ou de définitions... Et ça, on ne peut pas le faire avec une tablette.
D’où vient votre goût pour la lecture ? Y avait-il beaucoup de livres chez vous quand vous étiez petit ?
Ma mère était institutrice, elle avait un bon stock de livres et un vrai talent de conteuse. Bien que les histoires soient longues pour des enfants, elle nous lisait très souvent Les contes du chat perché, de Marcel Aymé. Mon frère et moi étions terrifiées de peur à l’idée de la punition qui allait s’abattre sur Delphine et Marinette lorsque les parents allaient s’apercevoir qu’elles avaient désobéi.
Vos premiers souvenirs de lecture ?
Mes premières lectures étaient les Oui-oui d’Enid Blyton, et plus précisément, O que je connaissais apparemment par coeur, du début à la fin. Après la collection Bibliothèque rose, j’ai été une bonne lectrice de la Bibliothèque verte, et en particulier Le clan des 7 et Le club des 5. Comme je lisais beaucoup, ma mère a commencé à me mettre dans les mains Flaubert, Balzac et quelques auteurs trop difficiles pour mon âge. J’allais en douce à la bibliothèque du collège lire Fantômette, Alice ou Les soeurs Parker. C’était délicieusement régressif. Vers 13 ans, j’ai découvert la collection « Safari - signe de piste », disparue depuis, et dont les titres n’ont malheureusement pas tous été réédités. Certains de ces livres, comme Quand chantera l’oiseau Quetzal ont été des voyages tellement forts qu’ils m’ont donné à jamais le goût de la lecture.
Le dernier livre que vous avez aimé lire ?
Ce n’est pas vraiment le dernier en date, mais j’ai adoré La couleur des sentiments de Kathryn Stockett. Ce livre se passe dans le Mississipi des années 60. Il raconte l’amitié entre une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. C’est grâce à cette amitié qu’elles vont trouver la force de faire bouger les choses. Une personne très chère à mes yeux, qui venait de traverser des moments particulièrement difficiles, me l’a offert, ainsi qu’à trois autres amies, parce qu’en le lisant, elle avait pensé à nous, et que c’était un vrai « livre de filles ». Je l’ai dévoré en deux jours, en pensant autant à nous qu’aux personnages.
Un livre que vous aimez donner en cadeau ?
Audiard, par Audiard. Parce que même si la personne à qui vous l’offrez n’est pas un grand lecteur, elle peut toujours, sans se fatiguer, y piocher une citation qui la fera rire. Cette année, j’ai offert plusieurs fois Voyage en absurdie de Stéphane de Groodt. Il y a tellement d’astuces et de jeux de mots dans les textes de ce garçon qu’il faut pouvoir le relire à tête reposée.
Le ou les livres que vous ne lirez jamais ?
La quasi totalité de ce qui sort actuellement, sans doute ! Il y a encore plus de 600 livres publiés à la prochaine rentrée littéraire. Personne n’a le temps d’en lire un dixième. Il m’est arrivée d’être très déçue par des récits nombrilistes ou des plumes bien ternes. J’ai la chance d’avoir plusieurs amies qui lisent beaucoup et me signalent régulièrement un livre qui sort de l’ordinaire. Je me fie à leurs conseils pour consacrer mon temps de lecture à des ouvrages qui le valent.
Pourquoi est-ce que vous lisez ?
Il y a deux semaines, j’étais au Liban, sur les traces d’un manuscrit millénaire. Actuellement, je suis en Iran ; je termine Avicenne ou la Route d’Ispahan que m’a prêté Toufik Benaïchouche, qui raconte la vie du médecin le plus renommé du XIème siècle en Turquie et en Perse. Dans quelques jours, je plongerai dans des récits de Saint-Petersbourg où je dois aller passer quelques jours. Les livres sont une incitation au voyage permanent, que ce soit dans une autre région du monde ou les tourments de l’âme. C’est une façon merveilleuse de s’évader. Comme le cinéma. Mais à son rythme, et en gardant son imaginaire. Et quand, en plus, le style est plein de poésie et de grâce, la petite musique des mots résonne encore longtemps après... Et peut-être que cela nous incite à choisir avec encore plus de soin, les termes que nous utilisons à la radio, pour parler aux auditeurs.