Christophe Paget : «Nous étions des fanatiques des bibliothèques»

Après avoir présenté pendant une dizaine d'année les éditions Monde et Afrique de RFI, Christophe Paget est depuis trois ans reporter au Service international, avec une zone de prédilection : l'Asie. Tokyo, Islamabad et New Delhi n'ont plus de secrets pour lui... Mais qu'il fasse sa valise pour l'autre bout du monde ou qu'il prenne sa carte orange pour traverser Paris et rejoindre les locaux de RFI, il n'oublie jamais de choisir un bon livre pour profiter pleinement du voyage.

Vacances riment-elles avec lectures pour vous ?

Oui, bien sûr ! Les vacances, ce sont les voyages et les ballades, du coup ce sont aussi les pauses à la terrasse d’un café ou sous un arbre, ou dans le chez soi des vacances s’il pleut. Et chaque fois que je pars, dans la famille ou dans une location, l’essentiel de mes bagages, plus que de vêtements, est constitué de livres – tout cela est souvent bien lourd… mais ça ne m’empêche pas d’emporter des kilos et des kilos, j’aime bien avoir le choix. Et au final, je me retrouve souvent à plutôt lire ce que je trouve sur place…

Vous n’avez jamais été tenté par le livre électronique ?

Pas encore. J’aime bien le contact avec les pages, l’encre, toutes ces choses pas encore démodées. Mais je conçois tout à fait qu’on y passe, pour des raisons pratiques surtout. Qui sait, peut-être un jour…

Pendant les vacances, vous allez plus naturellement vers des romans, plutôt que vers des essais ou des biographies ?

En vacances, je lis les mêmes livres que le reste de l’année. Enfin… je fais quand même une pause dans les essais que je lis pour RFI pendant la période de travail. A part les essais, la composition de mes lectures ne changent pas beaucoup : les bios, les romans, les livres d’histoire, les dictionnaires (cinéma, musique) et un peu de poésie… oui !

Quand lisez-vous pendant les vacances ?

Tout le temps, en fait : en vacances ou en temps normal, j’ai toujours un livre à la main ou dans un sac quand je sors de chez moi, au cas où je devrais faire la queue pour acheter le pain.

Y avait-il beaucoup de livres chez vous quand vous étiez petit garçon ?

Oui, énormément. Et nous étions des fanatiques de la bibliothèque de notre ville. J’avais des livres, mais j’en empruntais beaucoup. Mes parents ont toujours beaucoup lu, et ils n’ont pas eu à me forcer : j’ai tout de suite adoré ça.

Vos premiers souvenirs de lectures ?

Des souvenirs très classiques. Pour commencer, Les Albums du Père Castor pour la lecture le soir par les parents avant de dormir. Pour ce qui est des premières lectures seul, je crois que personne n’y a coupé : Oui-Oui ! Plus tard, à l’adolescence, évidemment il y avait les classiques de la littérature française à lire pour l’école, un peu de fictions policières aussi. J’ai adoré toute la série des Sherlock Holmes : je me vois encore rentrant de l’école le plus vite possible pour lire les nouvelles. Au cours de mes 10 ans, j’ai beaucoup lu une série pour préados, écrite par Philippe Ebly, un scientifique mort il y a peu : les livres s’appelaient Les Conquérants de l’impossible. C’était dans la collection Bibliothèque verte. Cette série racontait les aventures de jeunes adolescents et leurs voyages de par le monde et surtout dans le temps passé - ils rencontraient Léonard de Vinci - et futur. Pour moi c’était le début d’une grande histoire d’amour avec les livres et les films post-apocalyptiques.

Un auteur ou un livre qui vous a profondément marqué ?

Je citerai sans hésiter Pierre Desproges. Même si c’est un homme de radio et de spectacles, c’est sous forme de livres que je l’ai le plus pratiqué : les Chroniques de la Haine ordinaire, le Manuel du savoir-vivre à l’usage des rustres et des malpolis, le Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien-nantis… et son roman, Des femmes qui tombent. Un amoureux de la littérature, Desproges. Capable de rétablir la peine de mort pour une virgule mal placée…

Le dernier livre que vous avez aimé lire ?

Ce n’est pas un livre, mais une série de livres, en fait, de l’Américain Stephen King, dont je n’avais jusqu’ici quasiment rien lu, et dont je n’étais pas particulièrement un adepte : le cycle de La Tour Sombre - sept volumes quand même, je fais une pause avant d’attaquer le sixième. Stephen King parle de cette série comme du Jupiter de son système solaire, même si c’est, de son propre aveu, très éloigné de ce qu’il fait habituellement – la série avançant, les livres deviennent quand même, selon la bonne habitude de l’auteur, de plus en plus gros. C’est assez difficile à résumer. On suit les aventures de quatre personnages dans des mondes inconnus, à la recherche de la fameuse Tour Sombre. En fait, c’est le premier livre que King a écrit « sérieusement », au début des années 1970. Le premier volume est sorti au début des années 1980 sous la forme d’un petit recueil de nouvelles, dans un style très différent de celui qui allait devenir le sien. Et petit à petit le cycle s’est déployé, étoffé. Le dernier volume de la série que j’ai lu, Les loups de la Calla s’apparente à un western SF. C’est plein de surprises, très bien raconté, et assez haletant.

Est-ce qu’il y a un livre que vous aimez donner en cadeau ?

Hyperion, suivi de La chute d’Hyperion de Dan Simmons, là aussi un Américain. C'est de l’excellente science-fiction, un monde immense et prodigieux, des personnages passionnants. Un vrai roman d’aventure à la Dumas. Et des nuits blanches à la clé.

Est-ce qu’il y a un livre ou des livres que vous ne lirez jamais ?

Aucun. Enfin, je tenterai toujours les premières pages…

Pourquoi est-ce que vous lisez ?

J’ai essayé la télé : pour se cultiver et s’évader, à part la radio, le bouquin, c’est quand même ce qu’il y a de mieux. Et puis l’écran de nos cerveaux a toujours été en 3D, et TELLEMENT plus grand qu’une télé, même 16/9éme, écrans plat et coins carrés !
 

Il y aura dans ma valise pour les vacances (manifestement, je ferai deux voyages...)

Histoire, bio et autobiographie
Collection Histoire de France, vol. 1 (481-888) : La France avant la France, chez Belin
Autobiographie, d'Angela Davis
Jean-Sébastien Bach, de Roland de Candé
Une autobiographie, de Neil Young

Des classiques pas encore lus
Moby Dick, d’Herman Melville
Le rouge et le noir, de Stendhal
Pour qui sonne le glas, d’Hemingway
Le château, de Kafka

Moins classiques, mais tout aussi excitants

Le chant de Susannah, tome 6 de La Tour sombre, de Stephen King
Les 1001 bd qu'il faut avoir lues dans sa vie, chez Flammarion

Un témoignage :

Certaines n'avaient jamais vu la mer, de Julie Otsuka. C'est l'histoire poignante de Japonaises exilées à San Francisco, au début du XXe siècle, envoyées au delà des mers par des parents souvent démunis pour qu'elles trouvent une vie meilleure auprès de migrants japonais dont elles ne connaissent que la photo.

Partager :