Claire Hédon: «La lecture m'a rendue libre»

Vous êtes sans doute tous les jours des milliers à travers l’Afrique et le monde à écouter Claire Hédon et son émission phare « Priorité santé ». Pour vous éclairer utilement sur vos soucis de santé, Claire reçoit en direct des spécialistes et propose des reportages et des chroniques qui font le point sur l’actualité médicale dans le monde. Dans cet entretien, Claire parle de son autre priorité : « Priorité lecture ».

Est-ce que vacances riment avec lectures pour vous ?

Oui, surtout avec lecture de romans. J’aime lire des romans car ils me permettent de m’évader. Pendant l’année, je lis beaucoup pour le travail, ce qui me laisse peu de temps pour mes lectures personnelles. Je me venge pendant les vacances en m’interdisant de lire des livres ayant trait de près ou de loin à la santé. Je réserve les vacances à la fiction.

Quels romanciers lirez-vous cet été ?

Cet été, exceptionnellement, je ne lirai pas de romans, mais un essai. J’ai mis dans ma valise le gros livre de l’économiste français Thomas Picketty qui fait fureur aux Etats-Unis. Son titre : Capital (Seuil). Comme je ne suis pas très forte en économie, j’espère que je pourrais aller jusqu’au bout ! Le livre fait quand même mille pages.

Comment faites-vous le choix de vos lectures de vacances ?

Quand j’étais plus jeune, j’avais vu la mère d’une amie noter sur un petit carnet le titre des livres qu’elle se proposait de lire. Et lorsqu’elle avait fini de lire, elle écrivait une ou deux phrases pour résumer l’intrigue. Je fais de même, pas dans un carnet, mais sur mon iPad. En deux clics et trois secondes, je peux retrouver tout ce que j’ai lu au cours des dernières années.

Quel genre de lectrice êtes-vous ? Vous lisez tout, de la première page jusqu’au dernier mot ?

C’est ce que j’ai longtemps fait, jusqu’au moment où j’ai découvert Daniel Pennac. Son livre Comme un roman m’a ouvert les yeux en me rappelant qu’il n’y avait pas une seule façon de lire un livre, il y avait mille et une façons. Pennac nous conseille de sauter des pages ou carrément laisser tomber un livre s’il est ennuyeux. Désormais, je ne me sens plus obligée de lire un livre quand il ne me plaît pas. Je saute des pages, je lis le début et la fin, je reviens en arrière. Ce n’est plus un drame !

Est-ce que le passage à la lecture numérique a été un drame ?

Pas du tout. Je suis aujourd’hui à 100% pour la lecture numérique. Dès que j’ai eu ma tablette, je me suis mise à télécharger des livres et à les lire directement sur la tablette. J’avoue que mes premières expériences dans ce domaine n’ont pas été très convaincantes. Puis, un été, il y a deux ans, à Noirmoutier, chez des cousins, j’ai vu faire le mari de ma cousine. C’est un Anglais de 80 ans, qui lit énormément. Autrefois, fana de livres papiers, il est passé à l’e-book. Il m’a même fait la démonstration qu’on pouvait lire au soleil sur une liseuse. Important, quand on est accro des plages comme moi. Depuis, ma religion est faite. Désormais, je ne traîne plus une valise pleine de bouquins chaque fois que je pars en vacances. Je pars avec ma liseuse et je télécharge sur place les livres que je veux lire. Plus besoin non plus de s’aventurer en ville à la recherche de la librairie la plus proche. C’est génial !

Ne perd-t-on pas au change le plaisir de tourner les pages, cette odeur si particulière du papier ?

« Bullshit ! » Franchement, moi, lorsque je suis plongée dans un roman, je ne pense plus au support. Je ne lis pas un roman pour humer l’odeur du papier, mais uniquement pour le bonheur de la lecture. Il m’arrive d’éprouver la même ivresse sur la tablette que sur le papier. La lecture numérique présente pour moi un autre avantage, celui de pouvoir lire en anglais. Depuis longtemps, j’avais envie de lire les romans anglais en version originale. Avec la liseuse, je peux le faire sans devoir poser mon livre toutes les deux minutes pour consulter le dictionnaire. Il suffit de souligner le mot qui me pose problème, et j’ai l’explication en un clic. Du coup, j’arrive à complètement oublier que je suis en train de lire en anglais.

Quel est le dernier roman en anglais que vous avez lu ?

Je suis en train de lire The Summer without men de Siri Hurstvedt, la femme de Paul Auster. J’aime beaucoup l’univers de cet auteur. Ses romans sont riches en réflexions philosophiques, féministes. Hurstvedt puise ses sujets dans la vie de couple, les rapports hommes-femmes. C’est le premier livre d’elle que je lis en anglais et je suis ravie de pouvoir le faire.

Votre premier souvenir de lecture ?

Je n’ai pas de souvenirs précis. J’ai grandi dans une famille où il y avait toujours des livres. On m’a poussé à lire dès mon plus jeune âge. Je lisais d’autant plus volontiers qu’il n’y avait pas de télé à la maison. Je lisais parce que j’avais peur de m’ennuyer. A l’école, j’ai lu par obligation. Le plaisir de lecture est venu plus tard.

Aimez-vous offrir des livres ?

Il y a un livre que j’offre tout le temps. Il ne s’agit pas de roman, mais d’un essai publié par l’association l’ATD Quart Monde dont je fais partie. Son titre : En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté. Quand je suis en panne d’idées de cadeau, j’offre ce livre, espérant que sa lecture permettra de changer le regard des gens sur la pauvreté.

Et vous, aimez-vous qu’on vous offre des livres ?

Oui, beaucoup ! Cela me permet de découvrir des textes que je n’aurais pas forcément eu l’idée de lire.

Un livre que vous conseillerez à tout le monde de lire ?

Le Mec de la tombe d’à côté, de Katarina Mazetti. C’est un roman. Deux personnes qui se rencontrent dans un cimetière, une intello et un agriculteur. Ce sont deux êtres de sensibilités totalement différentes. Ils finissent par s’aimer, malgré de grosses différences de tempérament et de culture. C’est léger, tonique, original. Les remarques sonnent souvent juste. Bref, c’était une lecture très agréable. J’ai lu par la suite d’autres livres du même auteur. Son écriture me touche.

Pourquoi faut-il lire ?

Pour s’évader. Je lis pour mieux me comprendre. La lecture m’a rendue libre.
 

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