Annonçant le nom du lauréat, le porte-parole de l’Académie suédoise a déclaré que la poésie de Trantrömer « donne un nouvel accès à la réalité grâce à ses métaphores denses et translucides ». Le Suédois a publié ses premiers poèmes dans les années 50 et a fait paraître une quinzaine de volumes de poésie en cinquante ans de carrière littéraire. Victime d’une attaque cérébrale en 1990, il a continué à écrire malgré la maladie qui le laisse en partie hémiplégique.
La poésie de Tranströmer a été traduite en une soixantaine de langues. Elle est empreinte d’une grande économie de moyens et de « visions arrachées au néant », selon son traducteur français Jacques Outin. Traduits depuis 1989 en français aux éditions Castor Astral, ses recueils ont pour titre : Baltiques et autres poèmes, La grande Énigme, Les souvenirs m'observent...
C’est une poésie ni politique ni sociale, mais profondément humaniste et marquée d’une justesse d’observation comme dans cet extrait de son poème intitulé Trafic : « Le poids lourd et sa remorque rampent dans la brume/ comme la grande ombre d'une larve de libellule/ progressant dans l'eau trouble sur les bas-fonds du lac.// (...) Nous venons, ombres, véhicules, de tous les côtés/ du crépuscule, nous nous suivons/ nous croisons, glissons en un tumulte atténué// sur la plaine là-bas où les usines couvent/ et les bâtiments s'enfoncent de deux millimètres/ par an - le sol les avale lentement ».