Marthaler, le chantre du suspense, ouvre le Festival d’Avignon

Le IN-Festival d’Avignon présente du 7 au 27 juillet 41 spectacles inédits d’auteurs venus du monde entier et pour l’ouverture, la 64e édition parle allemand. Papperlapapp est le titre de la pièce de Christoph Marthaler, un metteur en scène suisse-alémanique peu bavard. Traduit en Français, cela donne « Turlututu ». Le lieu et le jeu du théâtre comme une exclamation moqueuse pour couper court aux discussions stériles et inutiles sur le rôle de l’art dramatique ? Un prétexte pour transformer le décor cossu du plus grand festival de théâtre au monde en un isoloir de l’art théâtral pour confronter la réalité ? Réponse dans la Cour d’honneur du Palais des papes.

Marthaler, le mystérieux, l’énigmatique, l’artiste associé de cette édition 2010 du Festival d’Avignon, parle de la fragilité humaine. Sa pièce Papperlapapp, a été conçue dans les rues de la capitale de théâtre. Il s’est inspiré de la vie quotidienne et il a retenu « une impression de beaucoup de gens seuls, isolés de la société ». Marthaler parle peu, mais quand il ouvre la bouche il martèle des vérités théâtrales. 

 Un goût pour l’accélération fulgurante et inattendu

Marthaler figure parmi les plus grandes personnalités du monde de théâtre. Avec sa barbe et ses lunettes rondes, il soigne un look à la « les frères Rapetou ». Né en 1951 à Erlenbach, près de Zurich, il avait suivi des cours de théâtre avec Jacques Lecoq à Paris. Mais à l’origine, il était hautboïste et compositeur au service d’autres metteurs en scène à Hambourg, Vienne, Bonn, Munich, Stuttgart et Zurich. C’est seulement en 1980 qu’il réalise à Zurich son premier grand projet avec des comédiens et musiciens : Indeed. Depuis, il impose aux comédiens sa sensibilité, son sens de rythme et son goût pour l’accélération fulgurante et inattendu.

Sans véritable histoire mais plein de réalités

Anna Viebrock, sa collaboratrice scénographe et costumière, partage depuis 20 ans sa réputation en tant que spécialiste de secrets théâtrales. Marthaler avait envoyé La Nuit des rois de Shakespeare sur un paquebot de croisière et pour « Papperlapapp » il voulait recouvrir les murs du Palais de papes avec du papier peint, mais il s’est finalement cassé les dents sur les directives des Monuments historiques. Ce soir aussi, ça passe ou ça casse avec cette tentative de pièce sans véritable histoire mais plein de réalités. Il lui reste un seul refuge, sa deuxième pièce à Avignon, Schutz vor der Zukunft (« Se protéger de l’avenir »). Marthaler, le chantre du suspens.

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