Avec notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detoeuf
Avec 46% des voix au premier tour du scrutin, Jean Manuel Santos se voit déjà installé dans le fauteuil présidentiel, le rêve de toute sa vie.
En célébrant dimanche soir 30 mai, ce résultat inespéré, l’ex-ministre de la Défense s’est posé en continuateur de la politique sécuritaire d’Alvaro Uribe et en rassembleur. Juan Manuel Santos a appelé de ses vœux un gouvernement d’union nationale, en promettant de faire de l’emploi sa priorité. Juan Manuel Santos sait qu’il doit sa victoire à l’immense popularité d’Alvaro Uribe. Il va continuer à en jouer mais il veut aussi, et déjà, s’en démarquer un peu.
Du côté des Verts, la déception est à la taille de l’illusion qu’avait suscitée la percée d’Antanas Mockus dans les sondages. Mockus a appelé lui aussi à l’union, celle des forces anti-uribistes, du parti libéral à la gauche. Une façon de rappeler que 40% des électeurs colombiens veulent un changement, moins de corruption et plus de justice sociale. Le défi pour le parti Vert est désormais de se consolider comme une force d’opposition et, à terme, comme un parti gouvernemental crédible. Un défi immense.
Une semaine avant le scrutin tous les enquêteurs donnaient en effet au coude-à-coude Juan Manuel Santos et Antanas Mockus. L’écart entre les deux est de 25 points, on ne peut pas parler de marge d’erreur.
Les sondages annonçaient également une participation record notamment de la jeunesse. Nouvelle méprise, l’abstention a comme d’habitude atteint 50% des voix. Et c’est le candidat Mockus qui a apparemment fait les frais de cette apathie électorale.
Antanas Mockus est un universitaire assez excentrique qui a été deux fois maire de Bogota. Grâce à son image d’homme intègre, il a joué les outsiders dans la campagne. Son vrai parti est son programme politique.
Juan Manuel Santos, lui, a compté sur ce qu’on appelle ici, la machine électorale du parti uribiste et l’appui du président de la République qui est ouvertement intervenu dans la campagne électorale, ce que la Constitution interdit normalement. Juan Manuel Santos est assuré de remporter le deuxième tour. La question pour les Verts est de savoir si Antanas Mockus doit maintenir ou non sa candidature.