Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet
BP se prépare à essayer aujourd’hui mercredi 26 mai une nouvelle technique pour stopper la fuite : une injection d’une sorte de boue deux fois plus dense que l’eau qui pourrait boucher le trou qui serait alors cimenté. Mais cela n’a jamais été tenté à 1500 m de profondeur. La compagnie britannique a besoin d’une réussite totale pour calmer la colère grandissante des riverains et de l’administration Obama.
Le sentiment des Louisianais est résumé sur une pancarte plantée le long d’une plage mazoutée: « Honte à toi, BP ». Près de 22% des eaux territoriales sont maintenant interdites à la pêche, mettant en danger l’une des ressources principales de la région.
Selon une commission parlementaire, citant un rapport interne de BP, l’accident aurait pu être évité si trois signes avant-coureurs, survenus moins d’une heure avant l’explosion, avaient été pris au sérieux. Le gouvernement n’est pas innocent dans l’affaire : le service fédéral chargé de veiller à la sécurité des équipements aurait été dans le passé trop coulant avec les pétroliers qui se seraient acquis l’indulgence de ses fonctionnaires avec des pots de vin.
Le gouvernement ne peut résoudre le problème seul
Le secrétaire aux Affaires intérieures va ouvrir une enquête. De plus en plus critiqué pour ne pas en faire assez, le président Obama va se rendre sur place vendredi 28 mai afin d’évaluer la situation et tenter de remonter le moral des riverains. Il se voit reprocher de ne pas exercer de pression suffisante sur BP, or le gouvernement a besoin de la technologie de l’exploitant et ne peut résoudre le problème seul, ce qui le force à une certaine réserve dans ses critiques.
Mais Barack Obama commence à perdre patience. Lors d’une réunion avec ses conseillers, il leur a dit d’un ton exaspéré : « Bouchez ce fichu trou ».