Arrêtés par un navire militaire danois à la suite de cette attaque, les cinq hommes ont été transférés aux Pays-Bas, le 10 février 2009. Ils risquent jusqu'à douze ans de prison. Cinq jours d'audience sont prévus devant le tribunal de Rotterdam, avant un verdict programmé pour le 16 juin prochain. Mais ce procès atypique promet d'être rocambolesque.
D'abord, à cause de la personnalité des accusés. Certains semblent ne pas craindre du tout les années de prison. L'un d'eux, âgé de 24 ans, a déjà dit qu'il souhaitait rester le plus longtemps possible aux Pays-Bas. « Pour la première fois, il a accès à des toilettes normales et vit dans un environnement sécurisé », a déclaré son avocat.
Côté juridique, ensuite : les magistrats vont devoir réviser leur droit car c'est la première fois que l'article du code pénal néerlandais sur la piraterie doit être appliqué. Par ailleurs, ce genre d'affaires se transforme souvent en casse-tête juridique. Le bateau turc attaqué, le Samanyolu, est enregistré aux Antilles néerlandaises. « Elles ont leur propre système juridique, le jugement ne doit donc pas avoir lieu aux Pays-Bas », a déclaré l'un des avocats des prévenus.
Enfin, sur les faits eux-mêmes, ce sera parole contre parole. Les cinq hommes ne nient pas être des pirates, mais se posent en « victimes ». Selon eux, ils seraient de simples pêcheurs reconvertis dans le banditisme à cause de la misère. Ils avaient l'intention d'arraisonner un navire mais leur embarcation est tombée en panne. Leur moteur est subitement reparti à l'approche du navire Samanyolu qui les aurait attaqués alors qu'ils appelaient à l'aide. Les marins turcs assurent, eux, avoir agi en état de légitime défense.
Selon le Bureau maritime international (BMI), 215 attaques ont été menées par des pirates contre des navires marchands, au large des côtes somaliennes en 2009. La plupart des pirates arrêtés par des navires de guerre étrangers au large de la Somalie ont été relâchés faute de preuves suffisantes ou en raison de l’engorgement des systèmes judiciaires et pénitentiaires locaux.