Merkel-Cameron : accord de principe mais divergences de fond

La chancelière allemande accueillait vendredi 21 mai le nouveau Premier ministre conservateur britannique David Cameron. Les dossiers économiques, à commencer par la régulation des marchés financiers, figuraient au centre de leurs entretiens. Mais l’unité de principe des deux responsables a ses limites.

Il y a les dossiers où l’entente cordiale règne et où une coopération plus étroite entre Londres et Berlin doit à l’avenir avoir lieu qu’il s’agisse de l’Afghanistan ou de possibles sanctions contre l’Iran.

Et puis il y a les dossiers économiques ou financiers où la cordialité de mise pour la première conférence de presse commune des deux chefs de gouvernement laisse filtrer quelques bémols. David Cameron a souligné qu’il était également partisan d’une régulation des marchés financiers ajoutant : « lls doivent être au service de notre économie et non l’inverse ».

Mais certaines mesures concrètes voulues par l’Union européenne ou par Berlin provoquent visiblement des états d’âme chez le nouveau Premier ministre britannique. Le projet de régulation des fonds spéculatifs adopté mardi 18 mai par l’Union européenne contre l’avis de Londres n’a pas l’aval de la Grande-Bretagne. 70% de ces fonds européens y sont en effet basés et David Cameron craint des répercussions négatives pour la City. Il a précisé que son pays avait des « inquiétudes » et réclamé une régulation « équitable et équilibrée ». Pour le Premier ministre britannique, les fonds spéculatifs ne sont pas responsables de la crise financière actuelle.

Angela Merkel voit les choses différemment

La chancelière souhaite faire campagne pour une régulation plus stricte des marchés. Pour elle, les efforts de l’Union européenne ne font que commencer. « Quand les choses vont parfois un peu plus vite sur certains dossiers que d’autres, l’Allemagne n’a rien contre », a estimé Angela Merkel. Une déclaration qu’on pouvait interpréter comme un auto-satisfecit après la décision de Berlin cette semaine d’interdire certaines ventes à découvert de produits financiers, une mesure qui a pris les partenaires de l’Allemagne de court et a provoqué des critiques à l’encontre de Berlin.

Sur la « culture de stabilité » budgétaire défendue par Angela Merkel qui souhaite renforcer les règles européennes imposant aux Etats membres une plus grande discipline en la matière, David Cameron rejoint les positions allemandes jugeant qu’il faut s’attaquer aux causes des problèmes actuels plus qu’aux symptômes. Pour lui, ces causes résident plus dans les déficits des Etats que dans les erreurs du système financier. A deux reprises lors de sa conférence de presse commune avec Angela Merkel, David Cameron a plaidé pour une zone euro « forte et stable ». « Je veux que la Grande-Bretagne soit un acteur positif en Europe », a précisé le Premier ministre. Mais pas question pour la Grande-Bretagne de rejoindre la zone euro.

Londres ne souhaite pas plus que le renforcement des règles européennes implique un nouveau traité. David Cameron, fidèle à son credo eurosceptique, a réitéré à Berlin son opposition à tout transfert de souveraineté des Etats membres vers Bruxelles. Le Premier ministre britannique a clairement rappelé qu’il disposait en la matière d’un droit de veto.
 

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