Le Premier ministre britannique David Cameron à Paris

Le nouveau Premier ministre britannique David Cameron, réserve à Paris et à Berlin ses premiers déplacements à l'étranger. Des entretiens sont prévus jeudi soir, 20 mai 2010, à Paris avec le président Nicolas Sarkozy lors d'un dîner au palais de l'Elysée, et vendredi, à Berlin où il sera reçu avec les honneurs militaires par la chancelière Angela Merkel, Le Premier ministre britannique vient « réaffirmer que le Royaume-Uni considère comme une priorité absolue de travailler étroitement avec l'Union européenne ».

Une « offensive de charme » selon la porte-parole du Premier ministre britannique pour affirmer « l'engagement constructif » de la Grande-Bretagne vis-à-vis de l'Union européenne. Renforcer les liens entre Londres, Paris et Berlin peut agacer les autres Etats membres mais c’est le moyen choisi par David Cameron pour peser à nouveau sur les décisions prises à Bruxelles. La Grande-Bretagne ne peut pas se permettre, en pleine crise économique, d’assister impuissante à la réforme du système financier. David Cameron a fait campagne en promettant aux Britanniques moins d’Europe et son parti a l'image d'un parti très anti-européen.

Au Parlement européen, les tories ont d'ailleurs quitté le grand groupe de droite, le PPE, pour former un groupe eurosceptique « les réformateurs et conservateurs européens » rallier un groupe plus radical comme l’explique Susanne Nies, chef du bureau de l’IFRI, à Bruxelles : « Ils sont vraiment extrêmement rétrogrades, très eurosceptiques cela rappelle les pensées d’un Le Pen. C’est inimaginable, par exemple ils défendent l’usage de la torture à Guantanamo. L’Europe ne peut se permettre de défendre ces positions, c’est contre toute les traditions européennes ».

Empêtré dans l’euroscepticisme des conservateurs incarné par William Hague, son nouveau chef de la diplomatie, David Cameron doit faire des compromis avec ses allies libéraux-démocrates, europhiles convaincus. Son gouvernement de coalition s'engage à ne pas adopter l'euro mais il renonce à dénoncer le traité de Lisbonne. Enfin, David Cameron a nommé un « euroréaliste », David Lidington, secrétaire d'Etat à l'Europe. Pour Graham Watson, député libéral démocrate, ce premier déplacement est un bon signe : « C’est très important qu’il apprenne à connaître l’Europe et ses partenaires au Conseil européen. C’est très important qu’il se rende à Paris et à Berlin parce que c’est avec Paris et Berlin qu’il va pouvoir régler les grands défis des pays européens ».

Des hauts et des bas

David Cameron a donc choisi la France comme première étape. Il y a eu des hauts et des bas dans les relations entre les deux pays. Des désaccords profonds notamment sur la guerre en Irak mais les préoccupations des Européens sont désormais économiques et leurs dirigeants plus pragmatiques. En 2008, la visite d'Etat de Nicolas Sarkozy en Grande-Bretagne a signé un renouveau des relations franco-britanniques.

Des relations bilatérales qui sont pour le député français Hervé Mariton, membre du groupe d'amitié franco-britannique, aussi importantes que les relations de la Grande-Bretagne avec le reste de l'Union européenne : « Quand on avancera sur les relations bilatérales, on pourra aussi faire avancer la relation communautaire. Sans naïveté, je suis convaincu qu’il y a nombre de sujets sur lesquels on peut avancer avec la Grande-Bretagne et avec le gouvernement de David Cameron notamment dans le domaine de la défense », plaide-t-il.

Et on devrait assister, vendredi 21 mai, à une nouvelle impulsion dans les relations entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne. A Berlin, Angela Merkel et David Cameron doivent débattre de questions politiques, économiques et financières. Quelle sera l'attitude de l’Allemagne ? Pour Susanne Nies :« Ce sera clairement de coopérer, ce sera loyal et pragmatique et on va essayer d’afficher des positions communes plus que tout dans une telle crise alors que la presse parle de la fin de l’euro, il est extrêmement important d’afficher l’unité des grands pays européens ».

Nicolas Sarkozy a prédit que David Cameron allait un jour ou l'autre devenir pro-européen. En attendant, les dirigeants français et allemands restent convaincus que l'Europe, en pleine crise économique, a besoin des Britanniques.

 

 

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