C’est la première initiative de William Hague. Il aurait proposé cette visite à la secrétaire d’Etat américaine qui l’aurait aussitôt acceptée. Il n’y a rien de surprenant à ce que la relation avec les Etats-Unis soit une priorité pour le nouveau gouvernement britannique. Eurosceptique, William Hague est nécessairement convaincu par la nécessité d’entretenir des liens étroits avec Washington.
La Grande-Bretagne ne peut rester isolée sur la scène internationale. Elle a d’autant plus besoin de s’appuyer sur un grand pays comme les Etats-Unis qu’elle entend garder ses distances avec l’Union européenne. Pour les Etats-Unis, la Grande-Bretagne reste l’allié le plus sûr en Europe et dans le monde. Les guerres en Irak et en Afghanistan l’ont démontré.
La Grande-Bretagne a également fait des choix stratégiques en développant ses services notamment financiers. La crise a montré à quel point Londres, une des premières places financières au monde, est interdépendante de Wall Street.
« Une relation spéciale »
Par contre, la Grande-Bretagne n’est plus qu’à la 6ème place derrière l’Allemagne dans ses échanges commerciaux avec les Etats-Unis. Echanges qui ont chuté de près de 20% avec la contraction de l’économie américaine. Finalement, il n’y a plus que sur les terrains militaires et politiques que les liens restent « spéciaux ».
Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont une « relation spéciale ». Winston Churchill, Margaret Thatcher puis Tony Blair l’ont entretenu. L’ancien Premier ministre travailliste voyait la Grande-Bretagne comme un pont entre les Etats-Unis et l’Europe. Quand, fâchés avec la France qui n’avait pas voulu entrer en guerre en Irak, les néoconservateurs américains voyaient l'Union européenne comme une menace, Tony Blair n’a pas vraiment défendu les Européens.
La Grande-Bretagne a fait son choix depuis longtemps. Elle préfère les Etats-Unis à l’Europe mais elle a réussi malgré tout à façonner l’Union européenne selon ses vœux. Qu’il s’agisse de l’élargissement, voulu pour faire un grand marché, des questions de défense et de sécurité commune, de plus en plus liées à l’Alliance atlantique et même de la réforme des institutions. Les Britannique ont réussi à imposer Lady Ashton à la tête d’une diplomatie européenne dont ils ne voulaient pas.
Tout n’est pas rose pour autant dans les relations entre la Grande-Bretagne et Etats-Unis. Cette « relation spéciale » est parfois vécue par les britanniques comme une relation à sens unique. Surtout quand les pertes militaires s’accumulent en Irak puis en Afghanistan.
Un poids lourd dans le gouvernement britannique
William Hague conservateur de 49 ans dit vouloir établir une « relation solide mais pas une relation de soumission » avec les Etats-Unis. Cela pourrait trancher avec les précédents gouvernements. William Hague est un poids lourd dans le gouvernement britannique. Il a débuté sa carrière politique encore plus jeune que David Cameron et il a pris les rênes du parti conservateur après John Major. Son euroscepticisme lui a joué des tours et il a perdu les élections en 2000.
C’est David Cameron qui a fait appel à lui en 2005 pour être son conseiller aux Affaires étrangères. Il l’enverra à Bruxelles en 2006 convaincre les eurodéputés conservateurs de quitter le Parti populaire européen, le plus grand parti de droite au Parlement européen, pour rejoindre le groupe, anti-européen, des conservateurs et réformistes européens.
William Hague s’était rendu au département d'Etat américain en tant que responsable de l'opposition conservatrice pour les Affaires étrangères en 2009. Le gouvernement britannique a déjà réitéré le soutien de son pays à la stratégie américaine en Afghanistan. Le nouveau Premier ministre David Cameron se rendra aux Etats-Unis en juillet à l’invitation du président Barack Obama. Rien ne peut empêcher les Britanniques de regarder d’abord vers l’ouest. C’est toujours de l’Atlantique que viennent les nuages qui en ce moment assombrissent leur économie.