Le Brésil renoue avec la croissance

Alors que l'Europe se débat avec ses déficits publics et une croissance atone, l’économie brésilienne a progressé de près de 10% au premier trimestre de cette année par rapport à l’année précédente. Mais le pays redoute un emballement de l'inflation et s'inquiète de risques de surchauffe.

L’économie brésilienne est en pleine expansion et peut-être même un peu trop. Les chiffres publiés par la Banque centrale du Brésil confirment une forte reprise de l’activité économique du pays. De janvier à mars 2010, le produit intérieur brut a augmenté de 9,84% par rapport au premier trimestre 2009 et de 2,38% par rapport à la période octobre-décembre 2009. Ces résultats sont conformes aux prévisions du gouvernement, qui annonce une croissance pour 2010 entre 6% et 7.5%. Soit le taux le plus élevé de ces vingt-cinq dernières années.

Cette envolée, le Brésil la doit à son énorme marché de consommation interne. « Grâce à cette croissance fulgurante, beaucoup de Brésiliens ont vu leur niveau de vie s'améliorer », a expliqué le président Luiz Inacio Lula da Silva. « 31 millions de personnes issues des classes les plus défavorisées se sont hissées dans les classes moyennes. 20 millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté, ce qui a permis à toutes ces personnes, auparavant marginalisées, de devenir des consommateurs. Ils ont commencé à fréquenter les centres commerciaux, à acheter des télévisions couleurs, à posséder des choses qui jusqu’à présent étaient réservées aux classes moyennes », a-t-il ajouté.

Inflation au plus haut

Cette forte croissance n’est pas sans inquiéter le gouvernement. Elle pourrait s’accompagner d’une hausse de l’inflation. Certains spécialistes redoutent une hausse des prix pouvant aller jusqu’à 5,5%, chiffre supérieur de 1 point aux objectifs fixés par les autorités. Pour l’économiste Léonardo dos Santos de l’agence Austin Ratina « une croissance au-delà de 5% tire la sonnette d’alarme au niveau de nos insuffisances productives et logistiques ». En clair, le gouvernement craint que la machine ne s’emballe et que le pays ne souffre d’un manque de main d’œuvre, de machines, de place dans les ports et sur les routes. Un phénomène que les économistes appellent « la limite du PIB potentiel ».

Le gouvernement veut donc absolument juguler cette croissance à la chinoise qui entraîne une inflation, fléau dont le pays a longuement souffert. Il s’est fixé comme limite de ne pas dépasser plus de 6% de croissance. Pour respecter son engagement, le Brésil s'apprête donc à relever ses taux d'intérêt. La Banque centrale du Brésil vient d’annoncer une augmentation de 0, 75 point de son taux directeur dont le montant est désormais à 9,50%. Par ailleurs, le ministre des Finances, Guido Mantega, a annoncé des coupes de 17 milliards de dollars dans les dépenses publiques.
 

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