Le Brésil et la Turquie demandent au Conseil de sécurité de l’ONU de ne pas sanctionner l'Iran

Le Brésil et la Turquie ont écrit ce mercredi 19 mai au Conseil de sécurité des Nations unies pour demander le rejet du projet de résolutions pénalisant Téhéran pour son programme nucléaire. Le Brésil appelle les grandes puissances à « évaluer » l'accord signé lundi 17 mai par l’Iran avec le Brésil et la Turquie.

Cet accord prévoit l'échange en Turquie de 1 200 kilos d'uranium iranien faiblement enrichi (3,5%) contre 120 kilos de combustible enrichi à 20% fourni par les grandes puissances et destiné au réacteur de recherche nucléaire à finalité médicale de Téhéran. Il sera remis incessamment à l'AIEA qui se prononcera sur la validité de l'accord.

Une méfiance continuelle

La Chine, la Russie et la France, tous trois membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, ont jugé « positif » l'accord conclu à Téhéran mais cela n'a pas empêché le Conseil, de mettre au point un nouveau projet de sanctions contre l’Iran. Le groupe des six (les Etats Unis, la France, la Grande Bretagne, la Chine et la Russie) soupçonne Téhéran de chercher à se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civil. Le ministre des Affaires étrangères du Brésil, membre temporaire du Conseil de Sécurité et hostile à de nouvelles sanctions, estime que l'accord conclu à Téhéran constitue « une porte d'entrée d'un processus de discussion plus large ». Pour Brasilia,  « ignorer cet accord reviendrait à mépriser la possibilité d'une solution pacifique ». Autrement dit, le Brésil ne participera pas au débat pour une nouvelle résolution sur l’Iran au Conseil de sécurité et ne la votera pas.

La proposition Irano-turco-brésilienne se base sur le fait qu’une fois enrichi  à 20 %, l'uranium ne peut plus l'être à un taux supérieur comme à 90 % par exemple, taux d'enrichissement nécessaire pour pouvoir en faire une bombe atomique.
En octobre 2009, le groupe des six avait proposé à l'Iran de livrer 1.200 kg d'uranium à la Russie, que la France enrichisse le minerai et le livre ensuite à Téhéran. L’avantage de cette proposition est la quasi-certitude que l'Iran ne pouvait donc se doter d'une bombe, puisque le pays livrait presque tout son uranium. Depuis, les choses ont changé, les six estiment en effet que l'Iran dispose aujourd'hui quelque 2.400 kg de minerai, et non plus de 1.500 kg. En outre, le jour même de la conclusion de l’accord avec le Brésil et la Turquie l’Iran affirmait son intention de continuer à produire de l'uranium enrichi à 20%. Cette déclaration a été pour Washington l’élément essentiel pour convaincre les membres du Conseil de soutenir une nouvelle résolution.

Pays émergeants contre grandes puissances ?

Téhéran a réagi mercredi 19 mai à la menace d'un durcissement des sanctions de l'ONU. Le pays accuse les grandes puissances de se discréditer. « La question des sanctions est dépassée », a affirmé Ali Akbar Salehi, chef de l'Organisation de l'énergie atomique iranienne, également  vice-président. « Elles sentent que pour la première fois les pays émergents peuvent défendre leurs droits sur la scène internationale sans avoir besoin des grandes puissances, et c'est dur à accepter pour elles », a estimé le responsable du programme nucléaire iranien.

Le projet de sanctions contre l'Iran a été soumis au Conseil de sécurité de l'ONU mardi 18 mai dans l’après midi. Il prévoit a que l’Iran ne pourra plus investir à l'étranger dans certaines activités sensibles comme les mines d'uranium et que ses navires pourront être inspectés en haute mer. Le projet interdit aussi la vente à Téhéran de huit nouveaux types d'armements lourds, notamment des chars.

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