Thaïlande: les violences se poursuivent à Bangkok

Au moins 3 personnes ont été tuées ce 15 mai au matin lors d'incidents entre militaires et manifestants antigouvernementaux à Bangkok, théâtre de heurts permanents depuis plus de 24 heures. Des heurts qui ont transformé le quartier commerçant de la capitale en véritable champ de bataille. Seize personnes ont été tuées et au moins 141 autres blessées depuis l'éclatement, jeudi 13 mai, de nouveaux troubles après la tentative d'assassinat du «conseiller» militaire des manifestants, qui réclament le départ du Premier ministre et la tenue d'élections anticipées.

Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus

Les manifestants continuent à résister à la pression de l’armée. Ce 15 mai au matin, environ un millier de manifestants appartenant au camp des « chemises rouges » dans le quartier commercial de Rajprasong,  écoutent les orateurs qui défilent sur l’estrade pour fustiger la répression brutale de la journée d’hier et de cette nuit, exercée par les militaires sur ordre du gouvernement.

Les militaires ont complètement isolé ce périmètre de la ville. Ils n’ont pas essayé d’attaquer les barricades de bambous et de pneus qui protègent le camp des « chemises rouges », mais en revanche, ils bloquent complètement les accès à ce camp.

Nim Somprasong, un manifestant, estime que les militaires ont tiré sans respecter les régles d'engagement :

« Je pense que le gouvernement utilise trop la violence, sans aucune justification. Les militaires tirent sans se poser de questions. Ils ne se disent pas que nous sommes aussi des Thailandais comme eux. Quand ils nous accusent d'être des terroristes, c'est juste un prétexte pour la répression. Nous n'avons que des bâtons pour nous défendre. Nous n'avons que des bambous affûtés. Mais les militaires utilisent des tireurs d'élite, des fusils automatiques M 16. »

Un mouvement qui va au-delà de Thaksin Shinawatra

Il est désormais très difficile pour ceux qui veulent se joindre aux manifestations de pouvoir passer les barrages militaires. De nouveaux affrontements se sont déroulés ce matin dans d’autres quartiers, faisant plusieurs morts. Rien ne dit que les militaires vont atteindre leur objectif de disperser les chemises rouges d'ici lundi.

Les opposants ont reçu un message de l’homme qu’ils soutiennent, l’ancien Premier ministre en exil au Monténégro, Thaksin Shinawatra. Ce dernier leur a envoyé comme à son habitude un message sur Twitter. Il appelle à la reprise du dialogue entre le mouvement de contestation et le gouvernement. Mais on peut se demander maintenant qu’elle est l’influence réelle de l’ancien Premier ministre sur le mouvement des « chemises rouges » ?

Il semble qu'à présent, le mouvement aille bien au-delà de Thaksin. C’est devenu un mouvement social beaucoup plus large qui ne dépend pas d’une personne, et qui a des revendications allant au-delà du retour de l’ancien Premier ministre au pouvoir.

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