Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
D’abord, un avertissement lancé par les militaires à l’aide de haut-parleurs : « Rentrez chez vous, ne faites pas de peine à vos parents. Il fait trop chaud pour être dehors et personne ne surveille la maison ». C’est l’argument lancé par un officier juché sur un véhicule blindé.
Quelques instants plus tard, d’autres arguments plus convaincants retentissent : des volées de balles en caoutchouc sont tirées dans la foule des «chemises rouges», mais aussi des balles réelles tirées la plupart du temps en l’air.
Une rangée de militaires avance sur toute la largeur de l’avenue Rama IV. En face, à deux cents mètres à peine, les «chemises rouges» surprises par les rafales reculent. Mais très vite, elles se regroupent. Les insultes fusent à l’adresse des militaires. Les manifestants n’ont que des bambous aiguisés, des lance-pierres, un combat inégal où l’issue finale ne fait guère de doute.
Un manifestant laisse exploser sa colère : « les soldats sont là pour nous massacrer et pour massacrer la foule. Nous résisterons. Nous aimons la démocratie. Ils tirent à balles réelles. Nous, nous n’avons aucune arme ».
Peu à peu, les militaires gagnent du terrain, les manifestants battent en retraite. Ils ont dû incendier plusieurs de leurs barricades. Mais ce face-à-face pourrait encore durer toute la nuit.