Suite à cet incident, des heurts sporadiques entre les forces de l’ordre et les « chemises rouges » ont eu lieu dans la soirée de ce jeudi 13 mai au centre de Bangkok. Les manifestants ont chargé l’armée, qui a répondu par des tirs, blessant une vingtaine d’entre eux. Un des manifestants a été touché mortellement. Les « chemises rouges » craignaient une intervention massive de l’armée, durant la nuit ou au petit matin, contre le quartier qu’ils occupent au centre de la capitale thaïlandaise.
Le général d’armée qui avait choisi le camp des « chemises rouges », et qui assurait la sécurité du périmètre qu’ils contrôlent à Bangkok, a été admis aux urgences pour une intervention à la tête. Khattiya Sawasdipol, alias « Seh Daeng », a été touché par un tireur d’élite de l’armée alors qu’il donnait une interview. Très populaire auprès de certains des manifestants, « Seh Daeng » est détesté par d’autres, qui l’accusent d’avoir contribué au déclanchement des violences. Abhorré par le gouvernement actuel, « Seh Daeng » se revendique aussi comme un allié indéfectible de Thaksin Shinawatra, l'ex-Premier ministre en exil renversé en 2006 par un coup d'Etat militaire, et dont se réclament de nombreux manifestants.
Les « chemises rouges » insistent pour l’inculpation du vice-Premier ministre
Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a retiré mercredi son offre d'organiser des élections législatives le 14 novembre, soit un an avant la date prévue. « Les chemises rouges n'ont accepté que verbalement de se joindre à la feuille de route vers la réconciliation », a expliqué un collaborateur du chef de l’exécutif. « Ils n'ont pas décidé de mettre fin aux manifestations et il est donc impossible d'organiser des élections comme prévu ». Les manifestants, pour la plupart des partisans de Thaksin Shinawatra, renversé par un coup d'Etat en 2006, avaient accepté ce calendrier mais ont posé d'autres conditions.
Ils exigent notamment l’inculpation du vice-Premier ministre Suthep Thaugsuban, qu’ils accusent d'être responsable des affrontements violents ayant fait 25 morts le 10 avril. Des divisions sont apparues progressivement au sein des « chemises rouges » entre la frange dure composée d'anciens communistes et une mouvance plus modérée de personnalités aspirant à des responsabilités politiques. Certains, redoutant d'aller en prison si le mouvement s'arrête, plaident pour une intensification des manifestations afin de s'assurer une victoire incontestable.