Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Une chaleur de quarante degrés, de quoi se faire cuire un oeuf sur le bitume. C'est dans cette fournaise que les « chemises rouges » occupent le quartier commercial de Rajprasong depuis plus d'un mois.
En coupant l'électricité à partir de minuit, le gouvernement mise sur l'épuisement physique et moral des manifestants. Une tactique vouée à l'échec selon Kwanchai Praipana, un des leaders des « chemises rouges » : « Ils ne peuvent pas couper. Nous avons notre propre approvisionnement en électricité, nous ne dépendons pas du réseau municipal. C'est la même chose pour l'eau. La nôtre arrive par un tuyau qui n'est pas relié au réseau public. Le Premier ministre s'exprime comme un simple d'esprit. Il parle comme un benêt, sans réfléchir ».
Pour cet homme trapu, originaire d'Udon Thani, dans le Nord-Est, le gouvernement est désemparé. Une impuissance qui se traduit dans des menaces verbales qui ne sont jamais suivies d'effet : « Le gouvernement utilise des menaces, car il pense pouvoir nous effrayer. Mais cela fait bien longtemps que les « chemises rouges » ont laissé la peur derrière eux. Le gouvernement veut une réconciliation, mais son attitude est différente : il recourt à la menace pour prendre l'avantage sur nous ».
La rentrée des classes à Bangkok a lieu dans cinq jours. Ce qui remet à l'ordre du jour l'hypothèse d'une dispersion brutale du rassemblement par les militaires avant le 17 mai.