Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Après une courte période de calme tôt ce matin, les affrontements ont repris en fin de matinée. Dans plusieurs quartiers de la ville des coups de feu et des explosions ont été entendues.
Dans le quartier de l'ancien aéroport international Don Muang, les militaires ont placé des pancartes à l'entrée du périmètre, indiquant que tous ceux qui y pénètrent s'exposent à des tirs à balles réelles. Les militaires souhaitent disperser les manifestants d'ici lundi 17 mai, mais rien ne dit qu'ils y parviendront.
Dans le camp de Rajprasong, un petit millier de manifestants « chemises rouges », assis sur des nattes à même le bitume brûlant, écoutent les orateurs qui défilent sur l'estrade en fustigeant la répression brutale par le gouvernement de la nuit dernière.
Nim Somprasong, un manifestant, estime que les militaires ont tiré sans respecter les régles d'engagement : « Je pense que le gouvernement utilise trop la violence, sans aucune justification. Les militaires tirent sans se poser de questions. Ils ne se disent pas que nous sommes aussi des Thaïlandais comme eux. Quand ils nous accusent d'être des terroristes, c'est juste un prétexte pour la répression. Nous n'avons que des bâtons pour nous défendre. Nous n'avons que des bambous affûtés. Mais les militaires utilisent des tireurs d'élite, des fusils automatiques M 16. »
De son côté, l'icône des « chemises rouges », l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, exilé depuis 2008, a demandé via Twitter à ses partisans de négocier une solution avec le gouvernement. Mais il semble que Thaksin ne soit désormais plus à même de décider des orientations d'un mouvement qui le dépasse.
Le pouvoir affirme qu’il ne «reculera pas»
Il n'y aura pas de marche arrière. C'est la substance de la déclaration du Premier ministre sur toutes les chaînes de télévision. Abhisit Vejjajiva a, semble t il, définitivement fermé la porte aux négociations. Pour lui, il n'y a qu'un moyen qui puisse rétablir le calme et la normalité : l'arrêt des manifestations.
Entamées il y a deux mois, celles-ci paralysent une grande partie du centre de la capitale, mondialement célèbre pour ses embouteillages. Il a longuement expliqué pourquoi il a demandé aux militaires de faire le siège du camp des « chemises rouges » établi dans le quartier commercial de Rajprasong.
En coupant l'approvisionnement en eau, en électricité et en nourriture, le Premier ministre dit espérer que la plupart des manifestants rentreront chez eux. Ce qui permettra de minimiser le nombre de victimes, quand l'armée lancera son opération de dispersion.
Ces déclarations n'ont pas apaisé les « chemises rouges ». Des affrontements se poursuivent dans plusieurs quartiers : des manifestants harcèlent les militaires à coup de lance-pierres et parfois de grenades. Les soldats ripostent en tirant des balles en caoutchouc et des balles réelles.