Avec notre correspondant à Manille Sébastien Farcis
Cette concession si rapide est une très bonne surprise, surtout venant de la part de Manny Villar qui a été tout le long de la campagne l’un des opposants les plus durs de Benigno Aquino. Et particulièrement dans un pays où les candidats avouent rarement leur défaite. Mais cela semble maintenant difficile à contester : car Benigno Aquino est sur le point d’être porté au pouvoir par un vrai plébiscite.
A la mi journée de ce mardi 11 mai, avec plus de 80% des résultats, le fils de l’ancienne présidente Corazon Aquino recueille 40% des votes. Si cette avance se confirme dans les heures à venir, il pourrait devenir le président le mieux élu depuis près de deux décennies, dans les mêmes proportions que Joseph Estrada, l’ancienne star de cinéma portée au pouvoir par un raz de marée populaire.
C’est d’ailleurs ce même Estrada, qui devrait terminer deuxième dans la course à la présidentielle. Un résultat qui a le goût de revanche pour celui qui a été destitué en 2001, pour des affaires de corruption, après seulement trois ans au pouvoir.
La Commission des élections prévoit de proclamer les vainqueurs des principaux postes nationaux dans cette journée du 11 mai, Ce qui est en soi une autre révolution, car il avait fallu plus d’un mois pour obtenir ces résultats lors de la dernière élection.
Le succès d’une bataille de cœur
Le succès de Benigno Aquino est presque acquis. C'est un homme peu expérimenté qui va donc diriger le pays et qui va devoir faire face à de nombreux et graves problèmes. Aquino semble avoir remporté la bataille du cœur, surtout parmi la classe de jeunes électeurs idéalistes, grâce à un discours d’honnêteté et un passé politique non corrompu.
Plus largement, il a été considéré comme le meilleur choix pour tourner radicalement la page d’une présidence de Gloria Arroyo entachée de scandales de corruption. Mais beaucoup de ce crédit repose sur son nom et l’aura de sa mère, Corazon Aquino. Noynoy Aquino lui, a été député et sénateur depuis 12 ans, mais n’a jamais fait passer de loi majeure.
Si son élection se confirme, les défis sont énormes pour cet homme de 50 ans. Près d’un tiers des Philippins vivent sous le seuil de pauvreté, et le pays est classé parmi les cinquante plus corrompus au monde. Une corruption qui vient surtout de l’administration.
Les Philippins vont donc regarder de près les personnes qui vont entourer Benigno Aquino, les ministres qu’il va nommer dans les prochaines semaines, pour savoir si ce discours d’honnêteté pourra devenir réalité par de vraies réformes sur le terrain.