C'est un avertissement clair qu'Hillary Clinton a adressé au président syrien la semaine dernière : les décisions de Bachar al-Assad « peuvent signifier la guerre ou la paix dans la région », a lancé la secrétaire d'Etat américaine. Déclaration alarmiste, en écho à des informations israéliennes selon lesquelles Damas aurait livré des armes à ses alliés libanais du Hezbollah (en l'occurrence des missiles SCUD à longue portée, information non confirmée à ce jour).
Le soutien de la Syrie au Hezbollah mais aussi au Hamas palestinien, c'est l'un des reproches formulé par l'administration américaine, mais pas le seul : Washington s'inquiète aussi des projets de Damas dans le domaine des armes de destruction massive. On peut rappeler à ce propos qu’une mystérieuse installation syrienne a été détruite par un raid israélien à Al Kibar en septembre 2007. S'agissait-il d'une usine nucléaire secrète ? La question reste posée et les inspections de l’AIEA partiellement autorisées par Damas n’ont pas permis de faire toute la lumière sur cette affaire.
Les sanctions américaines contre la Syrie sont entrées en vigueur en 2004. Elles limitent fortement les exportations de produits manufacturés américains vers la Syrie. L’objectif était alors de faire pression sur Damas pour qu’il renonce à son soutien au Hezbollah et aux groupes armés déstabilisant l’Irak.
En renouvelant les sanctions contre la Syrie, le président américain évoque « une menace inhabituelle et extraordinaire » pour « la sécurité nationale, la politique étrangère et l'économie des Etats-Unis ». Des propos très durs, selon le chercheur syrien Salam Kawakibi, qui critique des phrases « assez dangereuses, surtout de la part d’un président américain connu pour son intelligence qui le distingue de l’administration précédente ».
Des progrès sur l’Irak
A l’inverse, l’administration américaine souligne un point positif : Damas a fait des efforts pour empêcher des infiltrations de combattants étrangers en Irak à travers la longue frontière commune aux deux pays.
A son arrivée à la Maison Blanche l'an passé, Barack Obama a choisi de travailler au rapprochement avec la Syrie. Un ambassadeur américain à Damas a été nommé pour la première fois depuis cinq ans mais il attend encore sa confirmation par le Sénat.
La politique de rapprochement à petits pas entre les Etats-Unis et la Syrie est-elle entrée dans un moment d’hésitation ? Selon Karim-Emile Bitar, chercheur associé à l’IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques), une partie de l’establishment américain aurait vu d’un très mauvais œil la levée des sanctions américaines contre la Syrie, au moment où Washington exerce des pressions sur Israël pour la reprise du processus de paix avec les Palestiniens.
La décision américaine peut aussi s’expliquer par un « malentendu », selon Karim-Emile Bitar, qui explique : « Certains à Washington s’imaginaient qu’il suffisait d’offrir quelques carottes à la Syrie pour qu’elle renonce à sa relation avec Téhéran. Or, c’est une relation stratégique et là-dessus Damas n’a pas bougé d’un iota. De même, la Syrie n’a pas remis en cause son soutien au Hezbollah ».