Dialogue renoué entre Washington et Damas

Il y a cinq ans, le gouvernement américain avait rappelé son ambassadeur en Syrie et décrété des sanctions contre le régime de Damas. Mesure de rétorsion après l'assassinat de l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri dont la Syrie était accusée d'être le commanditaire. Cinq ans plus tard, un ambassadeur américain fait son retour à Damas.

En la personne de Richard Ford, Barack Obama a choisi un fin connaisseur du monde arabe. Une manière de souligner l'importance qu'il accorde à une reprise du dialogue avec Damas. Mais, pour Peter Harling de l'International Crisis group, la relation entre les deux pays reste marquée par « des gestes symboliques, de bonne volonté, pour témoigner d’un désir de faire progresser la relation bilatérale. Et beaucoup de frustration, d’amertume même, dans les deux capitales Damas et Washington venant du fait que l’autre camp se contente de gestes assez symboliques, de bonne volonté, au lieu de faire des gestes plus significatifs : une levée des sanctions par exemple du côté américain et puis un réalignement, comme on dirait aux Etats-Unis en ce qui concerne la Syrie ».

Le gouvernement américain reproche principalement à la Syrie de maintenir des relations avec l'Iran et d'avoir laisser transiter des combattants étrangers en route vers l'Irak. Pour Peter Harling, les Etats-Unis doivent apprendre à composer avec une diplomatie syrienne à géométrie variable.

Outre le rappel de son ambassadeur, les Etats-Unis avaient pris des sanctions économiques. Mais pour Jihad Yazidji, rédacteur en chef de Syrian Report, une lettre d'information économique, leur influence s'est exercée à la marge.

Sur le plan politique, après le symbole du retour d'un ambassadeur, les Etats-Unis doivent approfondir leur relation bilatérale avec Damas comme l'analyse Peter Harling. « Un dialogue stratégique entre les deux parties n’a pas encore eu lieu, un dialogue stratégique au sens où des responsables des deux camps s’assiéraient ensemble, regarderaient la région, chercheraient à identifier des points de convergence, des intérêts communs, sur les grands dossiers et les moyens de développer un partenariat dans la gestion de ces grands dossiers. Cela, ça n’a pas encore eu lieu », constate Peter Harling.

Le gouvernement syrien attend désormais une levée des sanctions américaines. Mais pour Jihad Yazidji cela prendra du temps : « C’est un processus qui se passe très lentement, où chacune des deux parties fait un pas en avant en attendant que l’autre réagisse. Je ne suis pas extrêmement optimiste pour une levée des sanctions très rapide. C’est quelque chose qui va dépendre du développement des relations politiques. Techniquement, la levée de sanctions n’est pas quelque chose de très facile à faire puisque c’est un texte qui a été approuvé par le Congrès américain. Donc il faut que ça repasse devant le Congrès, ce n’est pas quelque chose qu’on va avoir très bientôt », estime Jihad Yazidji.

En renouant le dialogue avec la Syrie, les Etats-Unis espèrent avant tout qu'elle use de son influence pour convaincre l'Iran de choisir la voie du compromis sur le dossier le plus sensible du moment, celui du programme nucléaire développé par la République islamique.

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