Le gouvernement allemand valide les aides à la Grèce

Après l’accord conclu dimanche 2 mai 2010 sur les crédits de 110 milliards d’euros sur trois ans à Athènes, Berlin a dès lundi lancé une procédure législative d’urgence pour adopter dans la semaine le soutien à la Grèce. La chancelière Angela Merkel doit désormais convaincre ses concitoyens réticents du bien-fondé de sa politique.

De notre correspondant à Berlin

Le gouvernement allemand avait été longtemps debout sur le frein. Il appuie d’un seul coup brutalement sur l’accélérateur. Un projet de loi adopté lundi 3 mai 2010 par un Conseil des ministres extraordinaire doit être entériné dès vendredi 7 mai par les deux chambres du Parlement. Une rapidité qui rappelle celle avec laquelle un plan d’urgence pour le secteur bancaire avait été adopté à l’automne 2008.

Une loi est nécessaire car l’Etat allemand va garantir les prêts qu’une banque publique va effectuer à la Grèce, soit 22 milliards d’euros sur trois ans (huit milliards pour l’année en cours). Berlin est le premier contributeur au sein de la zone euro puisque l’Allemagne devra assurer près du quart des 80 milliards de crédits sur trois ans pour la Grèce (auxquels s’ajoutent 30 milliards versés par le FMI).

Angela Merkel doit faire preuve de persuasion

Face à une opinion publique plus que rétive qui estime que l’Allemagne ne reverra pas son argent, Angela Merkel doit se livrer à des acrobaties rhétoriques pour convaincre ses concitoyens. « Nous n’aidons pas seulement la Grèce, mais nous contribuons à la stabilité de notre monnaie qui est menacée », a estimé la chancelière dans une interview à la chaîne de télévision RTL. Angela Merkel, en qui ses concitoyens voyaient celle qui résistait aux sirènes laxistes - une fourmi soucieuse de l’argent des contribuables qui ne devait pas être dilapidé pour les cigales méditerranéennes - doit faire preuve de persuasion. Pour la chancelière, une situation d’urgence a été atteinte, Athènes ne pouvant plus se financer sur les marchés financiers.

Face aux critiques de responsables étrangers et de l’opposition allemande, qui lui reprochent en temporisant d’avoir aggravé la crise, Angela Merkel répond que par sa position elle a contribué à arracher un programme d’assainissement plus strict à Athènes. « Il n’aurait pas été pensable il y a quelques semaines et peut permettre à la Grèce de se redresser », a résumé la chancelière dans la même interview télévisée.

A quelques jours d'une élection régionale stratégique

Le timing en tout cas, malgré ces déclarations optimistes, tombe au plus mal pour le gouvernement allemand, à quelques jours d’une élection régionale stratégique en Rhénanie du Nord-Westphalie. Angela Merkel aurait bien sûr préféré que l’aide allemande à la Grèce ne soit tranchée qu’après ce scrutin afin de ne pas mécontenter des électeurs déjà boudeurs et d’éviter un échec de son parti au pouvoir dans cette région. A l’arrivée, le vote du Parlement allemand interviendra 48 heures avant l’élection.

L’opposition, qui a été informée lundi 3 mai par la chancelière sur la crise grecque, cherche naturellement à exploiter la situation. Mais elle doit rester prudente car les sociaux-démocrates comme les Verts ont plaidé dès le début de la crise pour une aide à Athènes avec moins de retenue que la chancelière, ce qui n’est pas très populaire. A l’arrivée, ces deux partis devraient voter la loi du gouvernement vendredi. Ils essaient de monnayer leur soutien (dont Angela Merkel n’a pas besoin) en exigeant que les banques, considérées par beaucoup comme les profiteurs de la crise, en raison de la spéculation menée au détriment de la Grèce et de l’Euro, soient aussi sollicitées.

Le gouvernement a rejeté des mesures contraignantes mais espère que le secteur bancaire fera un geste de lui-même comme cela semblait s’esquisser ce week-end sous la houlette du patron de la Deutsche Bank. Une rencontre à ce sujet aura lieu mardi 4 mai. Les banques allemandes sont des créditeurs importants de la Grèce. Un soutien massif à Athènes leur permet d’espérer revoir l’argent qu’ils ont prêté.

Partager :