L'aide internationale à la Grèce est imminente

L'accord sur l'aide internationale à la Grèce entre le gouvernement grec, le FMI et l'Union européenne est maintenant imminent. Cet accord, préalable nécessaire au déclenchement de l'aide à Athènes, devrait aboutir d'ici dimanche prochain, 2 mai, lors de la réunion des ministres des Finances de la zone euro.

La zone euro se prépare à approuver ce week-end le principe du déclenchement de l'aide à la Grèce. La réunion de dimanche interviendrait après un accord entre le gouvernement grec, le FMI, la Commission européenne et la Banque centrale européenne sur les mesures d'austérité exigées par ces trois institutions de la Grèce pour débloquer le dispositif d’aide financière. Mais avant de prêter 45 milliards d'euros cette année, et probablement 100 milliards d'euros sur trois ans, le FMI et l'Union européenne posent  leurs conditions. La conclusion de l’accord permettra aussi d’éviter que la crise de la dette grecque ne se propage à d’autres pays de la zone euro en difficulté financières comme le Portugal ou l’Espagne.

Les Grecs doivent serrer la ceinture

Le gouvernement socialiste grec doit annoncer prochainement de nouvelles mesures d'austérité à la demande de l'UE et du FMI. Elles seront plus dures que celles prévues jusqu’à maintenant. Selon des syndicalistes consultés jeudi 29 avril par le gouvernement, l'Union européenne et le Fonds monétaire international demandent une vraie thérapie de choc. Elle pourrait représenter des économies allant jusqu'à 25 milliards d'euros sur deux ans. Le premier plan de réduction des déficits prévoyait « seulement » 4,8 milliards d'euros d'économies pour 2010. Ces nouvelles mesures permettraient de réduire le déficit public de dix points d'ici fin 2011 donc de le ramener de 14% à 4% du PIB. 

Selon les mêmes sources, les mesures envisagées incluraient une suppression des 13e et 14e mois de salaire et de retraite dans le secteur public, et une nouvelle augmentation de 1% à 2% des taux de TVA, alors qu'elle est déjà à 21%. L’âge moyen de la retraite passerait de 53 ans à 67 ans. La presse grecque évoque de son côté un assouplissement des règles de licenciement, un plafond ou une taxation supplémentaire pour les retraites au-delà de 1 400 euros et un mode de calcul des pensions moins avantageux dans le secteur privé. Le précédent plan de redressement adopté le 5 mars par le Parlement grec prévoyait une réduction du déficit de 4 points en 2010 pour le ramener ensuite, au mieux, à 5,6% du PIB fin 2011.

Les syndicats préparent la riposte

Mais en Grèce, le plan d'austérité qui se profile inquiète les syndicats. Ces derniers craignent d’énormes sacrifices pour la population. Le pays se trouve déjà dans un climat social très tendu. Les syndicats grecs se disent prêts à lutter contre les coupes salariales exigées. Jeudi soir, 29 avril, la police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants qui tentaient d'atteindre le ministère des Finances à Athènes. Mardi 27 avril, deux grandes centrales syndicales du pays ont appelé à la grève générale le 5 mai face aux exigences de l'UE et du FMI. Selon des sondages effectués récemment, une majorité des Grecs s'opposent à une aide extérieure et craignent de voir le plan de soutien amputer leur niveau de vie.

Les marchés se détendent 

La perspective d'accord sur l’aide internationale à la Grèce, après des semaines de tractations marquées par les réticences allemandes, a permis aux marchés de poursuivre leur rebond entamé jeudi, qui profite également à l'euro qui est passé au-dessus de 1,33 dollar. Vendredi 30 avril, à la mi-journée, les bourses des pays européens qui affichent des déficits publics inquiétants (Portugal, Italie, Irlande, Grèce et Espagne), ont grimpé confirmant la tendance de la veille. Par ailleurs l'euro est repassé au-dessus de 1,33 dollar. Le même jour les taux grecs et portugais se détendaient, confirmant l'accalmie sur les marchés. Les prix du pétrole ont ouvert en hausse vendredi à New York, dans un marché qui semble convaincu que l'aide financière à la Grèce va être débloquée. La crainte d'une propagation de la crise grecque à d'autres pays fragiles de la zone euro avait provoqué la panique sur les marchés en début de semaine. Cela a poussé les Européens à accélérer les négociations sur le plan d'aide à la Grèce.

Malgré cette accalmie, l'agence de notation financière Moody's a annoncé vendredi 30 avril qu'elle abaissait les notes de neuf banques grecques en raison des pressions sur le secteur bancaire. Moody's pourrait encore dégrader les notes de ces banques mais dans le même temps elle  réévaluerait la note de la dette à long terme de la Grèce. Les neuf établissements en question sont NBG (Banque nationale de Grèce), Eurobank, Alpha, la Banque du Pirée, Emporiki (filiale du Crédit Agricole), Agricultural Bank of Greece, General Bank of Greece (filiale de la Société Générale), Marfin Egnatia Bank et Attica, détaille Moody's dans un communiqué. L'agence de notation estime que le contexte économique grec a des répercussions sur la solidité du secteur financier local, qui a de plus en plus de mal à emprunter auprès d'autres banques et sur les marchés.

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