Portugal : le deuxième maillon faible de la zone euro

Il semble que la crise grecque se propage dans la zone euro avec le Portugal pris à son tour dans la tourmente des marchés financiers en raison de l'ampleur de ses déficits. Le Portugal a subi mardi 27 avril une dégradation de la note de sa dette par l'agence Standard & Poor's. Cela a suscité la crainte d'une contagion de la crise grecque à ce pays. La note de la dette à long terme du Portugal a été abaissée de deux crans.

L’effet était immédiat après cette annonce. La Bourse de Lisbonne a plongé le même jour de 5,36%, tandis que sur les marchés obligataires les taux ont augmenté, passant à plus de 5%. Encore sous le choc, les places financières ont ouvert en baisse mercredi 28 avril. L’euro a atteint son plus bas niveau depuis un an. La monnaie européenne est descendue à 1,31 dollars.

Le ministre portugais des Finances, Fernando Teixeira dos Santos, a aussitôt réagi. Il a dénoncé cette baisse de notation comme une attaque des marchés. Il a voulu rassurer aussitôt en disant qu’il est déterminé à appliquer le plan d'austérité pour réduire le déficit public record de son pays, égal à 9,4% du PIB. La dette atteint 142 milliards d'euros soit 86% du PIB en 2010.

Le Portugal déterminé à assainir rapidement ses finances publiques

Le gouvernement socialiste portugais s'est engagé à ramener le déficit public à 8,3%

du PIB jusqu'à la fin du 2010, puis sous la limite européenne autorisée de 3% du PIB d'ici à 2013. Le plan d’austérité est axé sur une réduction des dépenses publiques. Le gouvernement prévoit aussi l'introduction d'une taxe de 20% sur les plus-values boursières réalisées sur l'ensemble de cette année. En plus il a décidé de soumettre au Parlement la création d'un nouveau taux d'imposition de 45% pour les revenus dépassant les 150 000 euros. Un vaste plan de privatisations doit contribuer à stopper la hausse de la dette du pays. D'ici 2013, l’Etat prévoit de se désengager totalement ou partiellement de 17 entreprises. Cela lui permettra d’encaisser 6 milliards d’euros, dont 1,2 milliard cette année.

Résultat : la grogne s’est installée dans le pays. Les personnels de 16 entreprises de transports en commun ont fait une grève mardi 27 avril pour protester contre la politique d'austérité salariale du gouvernement socialiste. Les grévistes protestent contre le gel pendant quatre ans des salaires de la fonction publique.

Le Portugal sort d’une récession dure. Le PIB a baissé de 3% l’année dernière, et les perspectives économiques sont sombres pour cette année. L'endettement des ménages et des entreprises atteint le montant de 238% de la richesse nationale (contre 120% en Grèce et 210% en Espagne). Cette charge va peser sur la consommation et l'investissement.

Unité politique autour du plan d’austérité

Enfin un accord a été trouvé avec l’opposition pour appliquer immédiatement le plan d’austérité. En plus le gouvernement portugais accélère le plan. Il appliquera dès cette année des mesures de consolidation budgétaire prévues à l'origine pour 2011 comme la réduction de certains avantages sociaux. Passos Coelho, le leadeur du parti d’opposition sociale-démocrate PSD (centre-droit), a assuré que sa formation permettrait l'adoption de mesures de consolidation budgétaire au Parlement. Le gouvernement portugais, minoritaire, avait besoin du soutien de l'opposition pour faire passer ses projets de loi et Lisbonne a insisté sur la nécessité d'une coopération.

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