Les deux Français en visite mercredi 28 avril à Berlin, Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, et Dominique Strauss-Kahn, le patron du Fonds monétaire international, n’ont rien voulu dévoiler du contenu du programme de soutien à la Grèce qu’ils négocient actuellement. Ils ont insisté sur la nécessité d’une conclusion rapide. « Chaque jour perdu conduit à une aggravation de la situation », a affirmé Dominique Strauss-Kahn devant la presse ajoutant : « Si on ne règle pas le problème grec, cela aura des conséquences pour toute l’Union européenne ». Même son de cloche chez Jean-Claude Trichet qui espère une conclusion positive des négociations d’ici le week-end.
Les deux responsables étaient venus à Berlin notamment pour rencontrer les responsables des groupes parlementaires. Ils sont conscients que la résistance à une aide grecque est très forte en Allemagne et qu’il convient de rassurer les élus sur les conditions dans lesquelles des crédits seront versés à Athènes. Une loi devra être adoptée par Berlin pour que l’Etat garantisse les 8,4 milliards d’euros de crédits qu’une banque publique doit verser à la Grèce. L’Allemagne sera le principal contributeur parmi les pays européens.
Les députés rencontrés par Jean-Claude Trichet et Dominique Strauss-Kahn ont été plus diserts à l’issue de leurs entretiens. Ils ont évoqué des crédits sensiblement plus importants dont la Grèce aurait besoin sur trois ans et qui vont au-delà des 45 milliards d’euros déjà connus. Le ministère de l’Economie a confirmé que leur montant pourrait atteindre jusqu’à 135 milliards. L’ardoise pour l’Allemagne serait trois fois plus élevée que la somme connue jusqu’à présent.
Angela Merkel sous pression
La chancelière Merkel comme son ministre des Finances se sont aussi prononcés pour des décisions rapides. Wolfgang Schäuble a estimé que les résultats des négociations conduiraient Berlin a soutenir le programme de crédits à Athènes comme l’Allemagne s’y était engagé si la stabilité de l’euro devait être en danger. Angela Merkel a réitéré ses précédentes déclarations : oui à un soutien à Athènes si la Grèce fait suffisamment d’efforts pour assainir ses finances.
La chancelière est sous pression. A l’étranger, elle est critiquée par plusieurs pays pour ses réticences à venir en aide à Athènes. Une porte-parole du gouvernement allemand a rejetté mercredi ces critiques jugeant que Berlin ne s’était nullement opposé à une solution européenne et que les pays de la zone euro devaient agir le cas échéant ensemble pour coordonner leur action.
Angela Merkel fait aussi l’objet de critiques internes. Ses concitoyens, environ six sur dix d’après les sondages, rejettent tout soutien à la Grèce. L’opposition reproche à la chancelière par sa gestion de la crise d’avoir aggravé la situation. Dans les rangs conservateurs, de nombreux responsables souhaiteraient que les banques participent au plan de soutien à Athènes. Ils estiment que ceux qui ont profité de la spéculation au détriment de la Grèce devaient aussi être sollicités. Des prétentions que la chancelière et son ministre des Finances rejettent. L’opposition qui aura son mot à dire dans le processus législatif menace pourtant déjà de ne pas accepter une loi qui n’impliquerait pas le secteur bancaire. Le gouvernement allemand veut aller vite. Si les négociations avec Athènes s’achèvent d’ici ce week-end, une loi pourrait être déposée dès lundi et adoptée dès le vendredi 7 mai.