Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
« Très heureux de vous avoir rencontrée, prenez soin de vous ». Gordon Brown vient de parler quelques minutes avec une retraitée dans les rues de Rochdale ; un échange animé au cours duquel cette dame de soixante-six ans a un peu asticoté le Premier ministre sur la fiscalité, sur l’immigration, l’insécurité mais a quand même fini par le féliciter sur sa politique en matière d’éducation, avant de glisser qu’elle soutenait de toute façon les travaillistes.
Le chef du gouvernement qui s’est montré, très courtois et s’en est somme toute bien sorti, regagne alors sa voiture officielle, claque la portière et oublie complètement que le micro épinglé à sa cravate pour une précédente interview est toujours branché. « C'était une catastrophe, ils n'auraient jamais dû m'organiser une rencontre avec cette femme. Mais qui a eu cette idée ? C'est tout simplement ridicule. C'était juste une espèce de sectaire. Vraiment ridicule ! ».
La gaffe du Premier ministre est depuis diffusée en boucle sur toutes les radios et télés du pays et qu’importe qu’il se soit confondu en excuses, publiquement et personnellement auprès de Gillian Duffy, chez laquelle il s’est même rendu après l’incident.
Ce moment d’abandon s’avère un véritable désastre pour Gordon Brown, pris en flagrant délit d’hypocrisie. Le candidat travailliste qui avait déjà du mal à rester dans la course voit ainsi sa tache un peu plus compliquée encore, près d’une semaine après les élections et à la veille du troisième débat télévisé centré sur l’économie, considéré comme l’ultime chance pour le parti labour pour regagner des suffrages.