Avec notre correspondante à Washington, Donaig Ledu
Le président de la commission d’enquête du Sénat s’en étrangle presque de rage. Lassé d’entendre les cadres de la banque Goldman Sachs répéter que « peut-être », qu’ils ne « savent pas », qu’ils ont « oublié », Carl Levin ouvre le volumineux dossier posé devant lui et en extrait un courrier électronique :
- « Et voici ce que vous disiez entre vous, à propos d’un produit financier : "Ça, c’est une affaire de merde"... Et vous leur en avez vendu pour combien de millions de dollars, de cette "affaire de merde", à vos clients ? Et vous leurs avez dit, que c’était "une affaire de merde" ? ».
Les traders de Goldman Sachs ne savent plus, ils ont oublié. Alors certes, disent les sénateurs, ils n’ont peut être légalement pas commis d’infraction. Mais en faisant acheter par leurs clients des produits financiers douteux, en connaissance de cause, alors qu’eux-mêmes pariaient sur la chute de ces produits et voyaient venir l’effondrement du système, ils ont enfreint les régles de la morale et de l’éthique. C’est justement pour cela, expliquent aujourd’hui les démocrates, qu’il faut revoir la législation.
Au même moment, hier, et pour la seconde fois cette semaine, la minorité républicaine du Sénat bloquait l’ouverture des débats sur cette réforme du système financier.