Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet
Lloyd Blankfein, le PDG de la firme, va montrer, courriels à l’appui, que ses managers ignoraient si le marché immobilier allait continuer à prospérer ou s’effondrer.
Ces derniers avaient même investi, pariant sur la continuation du boom. Il soulignera que Goldman Sachs a perdu près de deux milliards de dollars. Comment donc la SEC (U.S. Securities and Exchange Commission) peut-elle l’accuser d’avoir mal conseillé ses clients en les incitant à acheter des titres dont la banque savait pertinemment qu’ils allaient se dévaluer ?
Délit d'initié ?
Toutefois, le sénateur Carl Levin, qui préside la commission d’enquête, n’acceptera pas ces arguments. Il vient de publier lui aussi des courriels internes dans lesquels le PDG reconnait que, même si la banque a perdu de l’argent, elle en a regagné beaucoup plus en pariant sur la baisse du produit qu’elle avait recommandé.
Carl Levin place donc Goldman Sachs parmi les promoteurs de produits financiers risqués et complexes qui ont conduit à l’éclosion de la crise. Autre pépin pour le titan des fonds spéculatifs, plusieurs de ses cadres auraient vendu leurs actions Goldman Sachs, après avoir été informés que la SEC allait ouvrir une enquête... A l’accusation de fraude, pourrait donc venir s’ajouter celle de délit d’initié.