Avec notre correspondante à Washington, Donaig Le Du
L’audition qui se déroule depuis plusieurs heures devant cette commission des enquêtes du Sénat ne fera certainement rien pour rehausser l’image des banques d’investissement. Depuis le milieu de la matinée, plusieurs des responsables de la banque Goldman Sachs, dont le Français Fabrice Tourre, sont littéralement passés sur le grill par les sénateurs, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils ont bien du mal à se défendre.
On leur reproche d’avoir trompé leurs clients, en leur faisant acheter des produits financiers à risque, au moment même où eux-mêmes pariaient contre ces produits. En clair d’avoir gagné de l’argent pour eux mêmes, pour leur banque, en faisant perdre délibérément à leurs clients, et en laissant le système financier s’effondrer. Tout cela est documenté dans une série de courriers électroniques échangés à l’époque notamment.
Quelle est leur ligne de défense ?
Le Français Fabrice Tourre, qui est explicitement visé par les accusations de la SEC, le gendarme de la bourse américaine, a clairement annoncé la couleur en niant les accusations formulées à son encontre et en affirmant qu’il se défendrait devant la justice.
Quant aux autres responsables, ils ont des trous de mémoire fort opportuns, ils se souviennent de l’argent qu’ils ont perdu et non pas de celui qu’ils ont gagné, ils prétendent avoir oublié que pendant des mois ils ont fait acheter par leurs clients des produits financiers qu’ils qualifiaient eux-mêmes en interne « d’affaires de merde ».
Lorsque les sénateurs, visiblement excédés, leur demandent de répondre par oui ou par non, ils s’empêtrent dans du vocabulaire ultra technique… bref le ton monte, et les sénateurs les ont prévenu, inutile de chercher à gagner du temps, ils ont l’intention de prendre le temps qu’il faut et de ne pas lever la séance tant qu’ils n’auront pas obtenu de réponses.