Le journaliste et opposant tunisien Ben Brik est libre

Le journaliste tunisien dissident a été relâché ce mardi 27 avril 2010 après six mois de prison, une peine à laquelle il avait été condamné pour violence dans un procès qualifié de politique. Taoufik Ben Brik compte se rendre en France dans les prochains jours pour participer à la journée mondiale de la liberté de la presse. 

Après six mois de détention, le journaliste et opposant tunisien Taoufik Ben Brik, 50 ans, a été libéré le 27 avril au matin de la prison de Siliana, à 130 km au sud-ouest de Tunis, rapporte Reporters sans frontières (RSF). Ben Brik a été jugé pour faits de « violence, outrage public aux bonnes mœurs et dégradation volontaire des biens d'autrui » sur la base d'une plainte déposée par une automobiliste. Arrêté en octobre 2009 et condamné à une peine de six mois de prison, il a toujours nié les faits, se disant victime d'une « machination ».

Selon les autorités tunisiennes cette arrestation ne relève pas de motivation politique. Connu pour son opposition au président Zine el-Abidine Ben Ali, le journaliste collabore avec plusieurs journaux français. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, ayant exprimé sa déception après l'arrestation du journaliste, l’affaire a provoqué un climat de tension entre Paris et Tunis.

Lors d’un entretien téléphonique à RFI, le journaliste a notamment affirmé que la prison l’avait « renforcé » et qu’il se sentait « plus que jamais déterminé. Je me sens comme si je n’étais pas en prison… Ben Ali voulait carrément me casser l’échine. D’ailleurs il n’a que ça : la prison, les flics, pour casser l’échine de tous les opposants tunisiens. Et moi je lui dis que je sors avec plus de poil de la bête. Lui il a la prison et moi le calame ».

Il a également parlé des conditions de détention : « J’étais dans une prison préhistorique, on en trouve plus. C’est une prison où on punit les prisonniers récalcitrants. J’étais carrément dans un tombeau ouvert, à l’écart. Je n’avais pas le droit au papier, je n’avais pas le droit aux stylos, je n’avais pas le droit aux livres. Et, tout autour de moi, tous les prisonniers étaient analphabètes, pour qu’on ne puisse pas dialoguer ».

Taoufic Ben Brik, qui a l’intention de se rendre en France pour la journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai prochain, veut continuer à dénoncer le président Ben Ali : « Même si physiquement je suis fragile à cause de ma maladie, la maladie de Cushing, j’ai une âme plus tannée qu’une crosse de fusil. Et il m’a cassé le bras, il a terrorisé ma famille, mais je lui dis que je ne partirai pas, monsieur le président. Pour ça, il faut qu’il m’envoie une bombe H ». 

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