Poursuivi pour violences sur une conductrice, Taoufik Ben Brick avait été condamné en novembre 2009 à six mois de prison. Il dénonce un traquenard « monté par la police politique ».
La famille et les proches de Taoufik Ben Brick sont très inquiets concernant la santé du détenu. Pour le frère de l'accusé, il n'y a pas de doute : c'est un procès politique et l'opposant paye ses critiques envers le président Ben Ali.
« Taoufik a dit pendant l’audience que son problème est clair : il a écrit des articles critiques pendant les élections, et Ben Ali voulait le punir et qu’il soit un symbole pour toute la désobéissance civile en Tunisie. Douze avocats ont plaidé, dont le président de la Ligue des droits de l’homme Mokhtar Trifi, Radhia Nasraoui, etc. Les avocats ont demandé sa libération sur base que le dossier est un dossier fabriqué. Le verdict est tombé : ils ont refusé la libération conditionnelle et la délibération sur le fond sera le 30 janvier. Le procureur a demandé une peine plus élevée à six mois. On n’est pas vraiment optimistes, on craint essentiellement pour sa santé. On répète qu’on tiendra bon, nous, les démocrates en Tunisie et avec le soutien des démocrates dans le Maghreb, dans le monde arabe, en France et en Europe. »
Mohamed Jmour, l’un des avocats de Taufik Ben Brick, se dit déçu par la décision de la cour mais pas surpris. De toute façon, selon l’avocat, les droits du prévenu sont totalement bafoués et la procédure truffée d'irrégularités.
« Les PV [procès verbaux] sur lesquels se sont basées la poursuite et la condamnation sont falsifiés. On a demandé au tribunal de convoquer les témoins comme on a demandé à ce qu’il y ait une confrontation entre personnes disons "victimes" et Taoufik Ben Brick. Parce qu’il n’y a jamais eu une confrontation. Mais je ne suis pas surpris malheureusement. On s’est habitué à ce que les juges tunisiens ne se montrent pas indépendants. Ils remettent rarement en cause des PV de la police. Les magistrats tunisiens ont été instrumentalisés comme d’habitude pour réprimer les gens. Sous couvert de délits de droit commun, on réprime des gens pour leurs prises de position politiques. On peut ne pas être d’accord avec Taoufik Ben Brick, mais il faut qu’un prévenu ait des droits. Taoufik Ben Brick a été empêché de rencontrer ses avocats. Il a été transféré dans une prison à 120 kilomètres de Tunis. Les avocats font des kilomètres et des kilomètres et lorsqu’ils arrivent, l’administration pénitentiaire leur dit : " non, nous avons des instructions de ne pas vous laisser lui rendre visite ". Tout cela pour les dissuader et pour le démoraliser. C’est inacceptable. », déplore maître Mohamed Jmour.