Démission du gouvernement: la Belgique suspendue à la décision du roi

Le roi des Belges Albert II cherchait vendredi 23 avril 2010 à désamorcer la crise politique à la suite de l'effondrement la veille de la coalition gouvernementale.  Le Premier ministre Yves Leterme a présenté jeudi la démission de son gouvernement après la défection des libéraux flamands.

Le roi Albert II multiplie les consultations avant de se prononcer sur la démission du gouvernement d'Yves Leterme. Après le départ des libéraux flamands du parti Open VLD, le Premier ministre Yves Leterme, qui était depuis cinq mois à la tête d'une coalition  formée de cinq partis politiques, ne dispose plus que d'une majorité de 76 députés sur 150  élus à la Chambre des représentants. A l'origine de cette instabilité politique, un conflit linguistique et politique entre les wallons francophones et les flamands néerlandophones.

Depuis les dernières législatives en 2007, les gouvernements se succèdent dans le pays à rythme effréné, essentiellement à cause d'un conflit linguistique et politique entre francophones et néerlandophones.  Le presse nationale est de plus en plus sceptique quant à l'avenir du pays. « Bye bye Belgium », ou encore « Ce pays a-t-il encore un sens ? », les titres des journaux vendredi matin sont loin d'être équivoques : le risque de scission est réel.

C'est l'avis aussi deDamien Thiéry, bourgmestre de la commune de Linkebeek, en périphérie de Bruxelles, donc en Flandre, mais habitée à 86% par des francophones :

« Je ne suis quand même pas surpris de voir que l’on en arrive là parce que le dialogue n’est plus présent et donc c’est ce qui pose vraiment problème. Ce que la Flandre demande c’est bien entendu la scission d’un arrondissement, mais après probablement aller vers la scission pure et dure du pays. Donc, je crois que malheureusement, maintenant il faut envisager cette possibilité.  

La guerre linguistique est le prétexte - si je peux le dire comme ça – ce qui est certain c’est qu’avant tout c’est une guerre de culture. Vous avez d’un côté, du côté néerlandophone, le droit du sol. Ca veut dire : quand vous êtes chez moi vous faites ce que je veux et pas ce que vous voulez. Et la culture francophone c’est le droit des gens, c'est-à-dire : demandons aux gens ce qu’ils veulent avant de légiférer. Donc c’est vraiment une crise de culture et donc une crise de régime maintenant.

Je suis très triste, dans la mesure où la Belgique est riche de trois cultures, qui sont la culture néerlandophone, francophone, sans oublier la culture germanophone. C’est un plus. Nous sommes reconnus comme tels, au niveau européen ou au niveau mondial. Donc pour moi c’est une catastrophe. Mais à partir du moment où dans un couple les deux mariés ne parviennent plus à s’entendre et qu’il y en a un qui veut partir, je crois que la décision tombe d’elle-même ».

Si le dialogue n’est plus présent, je pense que la Belgique n’aura plus d’avenir

« A l’heure actuelle, nous avons encore des avantages, en tant que francophones, dans les communes dites flamandes. Mais il faut savoir que nous avons 86 % de la population qui est francophone dans notre commune flamande et les avantages sont essentiellement au niveau administratif, puisque nous pouvons encore remplir nos documents en français dans la commune flamande.

Dans le futur, après la scission – que ce soit la scission de l’arrondissement judiciaire ou électoral ou bien la scission de la Belgique – il est clair que ces facilités, telles qu’on les appelle, vont absolument disparaître, et donc nous serons fagosités et considérés comme Flamands à part entière. 

Je suis partisan du dialogue, donc c’est difficile de dire qu’on n’y arrivera pas. Je pense simplement qu’il faut des personnes de bonne volonté à mettre autour d’une table. Et ce que je pense, c’est que maintenant la Flandre a été fort loin dans ses revendications et certaines choses ne peuvent même plus être discutées. Donc on arrive à un moment crucial. Si le dialogue n’est plus présent, je pense que la Belgique n’aura plus d’avenir.

Malheureusement, alors que je suis quelqu’un qui généralement est optimiste et toujours ouvert au dialogue, je crains que nous arrivions à un moment très, très critique ».

 

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