C’est le Premier ministre belge, Yves Leterme, qui avait déclenché le compte à rebours en novembre 2009 lors de son premier discours comme chef du deuxième gouvernement qu’il formait en moins de deux ans. Illustre représentant de la classe politique flamande dont il dirige le plus grand parti, celui des chrétiens-démocrates, Yves Leterme réclamait un accord au plus tard au printemps 2010 pour mettre en place une réforme institutionnelle qui donnerait plus d'autonomie à la Flandre.
Le roi des Belges, Albert II, a du se plier à cette exigence en nommant un médiateur pour cette réforme, en la personne de l’ex-Premier ministre Jean-Luc Dehaene. Ce dernier a réussi, tant bien que mal, à remplir son contrat et à rédiger un rapport servant de base à la négociation de la réforme, au moment où démarrent les vacances des Pâques. Mais produire un rapport avec des propositions (pour l’instant tenues secrètes) et les faire adopter par les deux camps opposés, francophone et flamand, réunis depuis lundi soir autour de la table des négociations, sont deux missions qui peuvent s’avérer inconciliables.
Une grosse épine qui se nomme BHV
A l’origine, ce qui motive les Flamands à exiger une réforme institutionnelle, c’est leur volonté d’obtenir une autonomie renforcée au sein de la Belgique, notamment sur le plan financier. Les Flamands ne veulent pas payer pour les non Flamands, alors que pour les Belges francophones, le principe de solidarité entre les régions doit rester intouchable.
Ce dossier a plongé le royaume dans une grave crise en 2008. Mais à y regarder de plus près, il n'y a en réalité qu'un seul dossier à bloquer la négociation sur la réforme institutionnelle : celui de la circonscription électorale Bruxelles-Hal-Vilvoorde, mieux connu sous le nom de « dossier BHV ». Cette circonscription empiète sur la partie flamande, obligeant ses habitants à voter pour des députés belges francophones, ce qui est interprété comme une insulte suprême.
Les Flamands exigent que la circonscription BHV soit scindée en deux, selon le régime linguistique : la partie francophone resterait dans la région bilingue Bruxelles capitale, alors que la partie néerlandaise passerait dans la région Flandre. Or, une telle séparation selon une frontière linguistique, aurait de nombreuses conséquences pour les minorités francophones, spécialement celles situées en périphérie de Bruxelles qui basculeraient alors dans la partie flamande. Elles risqueraient de perdre un certain nombre d'avantages et autres facilités.
Un accord d'ici la fin de la semaine
Le rôle du médiateur Jean Luc Dehaene a été de négocier longuement et séparément les diverses compensations pour les uns et pour les autres, afin de mettre un terme à la discorde que crée le dossier BHV et qu’un accord soit finalisé dès cette semaine, pour passer ensuite à des choses plus sérieuses sur le plan institutionel.
Il appartient maintenant au Premier ministre Yves Leterme, qui préside la table des négociations, de faire accepter les propositions de la commission Dehaene aux partis politiques qui négocient autour de lui et qui sont tous issus de la majorité. En cas d’échec, les partis flamands disent qu’ils sont prêts à prendre leur responsabilité avec, si nécessaire, un passage en force par la voie parlementaire, ce qui replongerait de nouveau la Belgique dans la crise.