Avec notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet
L’accueil réservé à Yves Leterme est plutôt frais, il faut bien le dire. Les Belges sont dans leur majorité au mieux dubitatifs, voire franchement sceptiques, ou carrément inquiets.
Ils se souviennent qu’en juin 2007, c’est l’incapacité d’Yves Leterme, grand vainqueur des législatives, à former une coalition gouvernementale qui avait ouvert la plus grave crise de l’histoire politique récente de la Belgique avec plus de six mois sans gouvernement.
Finalement, nommé Premier ministre en mars 2008, il a laissé un souvenir plus que mitigé. Sa réussite principale a été le sauvetage des grandes banques, un succès sans lendemain pour lui puisqu’à Noël de la même année, il s’est vu contraint de démissionner, suspecté d’avoir tenté d’influer sur le cours de la justice dans les suites de l’affaire Fortis.
Son principal problème politique avait été cependant surtout son intransigeance en faveur d’une grande autonomie de la Flandres, intransigeance qui a empêché son gouvernement de résoudre l’épineuse question de l’avenir des relations institutionnelles entre Flamands et Wallons.
Après sa prestation de serment mercredi matin devant le roi Albert II, Yves Leterme reprend donc du service, moins d’un an après avoir quitté ses fonctions. Mais cette fois-ci sous surveillance en quelque sorte : l’ancien Premier ministre Jean-Luc Dehaene a en effet été chargé de préparer des propositions sur l’avenir des institutions fédérales, acquérant du coup dans l’opposition le surnom de « belle-mère » d’Yves Leterme, chargé de surveiller ses actes par-dessus son épaule.