START II, un nouveau départ pour le désarmement nucléaire

Le président américain Barack Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev ont signé jeudi 8 avril à Prague un nouveau traité visant à réduire d'environ un tiers les arsenaux nucléaires des deux pays. Ce traité succède au traité Start I signé en 1991.

Le premier accord START sur la réduction des armes nucléaires est arrivé à expiration le 5 décembre dernier. Il datait de 1991. Il fallait donc lui trouver un successeur. Le nouveau document signé entre les présidents des deux grandes puissances nucléaires de la planète est le résultat de longs mois de négociations entre Moscou et Washington.

L’accord amène les deux grandes puissances à parité, c'est-à-dire à un nombre sensiblement identique d'armes nucléaires stratégiques déployées, ou en d’autres termes, les armes prêtes à l'emploi. Le plafond est fixé à 1550 ogives nucléaires opérationnelles de part et d'autre, une limite à respecter en 2017. Il représente 30% des arsenaux nucléaires des deux pays, estimés à 5200 têtes au total. Donc comme celui de Moscou, signé par George W. Bush et Vladimir Poutine, cet accord ne concerne que les armes stratégiques opérationnelles. Aucune annonce donc sur les armes en réserve, les armes en attente de démantèlement et les armes non-stratégiques.

 

START II arrange les deux puissances

La signature de ce nouveau pacte arrange le président américain parce qu’il lui prépare le terrain pour le sommet sur la sécurité nucléaire, organisé à Washington les 12 et 13 avril. Lors de cette rencontre, les Etats-Unis espèrent gagner des soutiens dans leur confrontation avec l'Iran et la Corée du Nord.

Le nouveau pacte est aussi dans l'intérêt de la Russie dont l'arsenal nucléaire vieillissant devrait de toute façon tomber sous les limites fixées par l’ancien pacte d'ici quelques années.

Il reste toutefois l'étape de la ratification. Car pour prendre effet, le nouveau traité doit être approuvé par le Sénat américain et la Douma (chambre basse du Parlement russe). Elle s'annonce difficile au Sénat, où le pacte devra être approuvé par 67 sénateurs sur 100. Cinquante-neuf sont des alliés du président démocrate. Il faudra donc que des républicains y joignent leurs voix.

Quant au Kremlin, il n'aura pas ce problème face à un Parlement acquis d’avance. Mais Moscou a demandé une ratification « synchronisée », laissant entendre qu'il attendrait la décision des Américains.

La Russie se ménage une porte de sortie

Selon le Kremlin, ce nouveau traité ne sera « viable » que si les Etats-Unis limitent leur défense antimissile. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a mis en garde les Etats-Unis en déclarant que la Russie se réservait le droit de sortir du traité si le bouclier antimissile américain devait un jour restreindre le potentiel stratégique russe. Après de violentes protestations russes, les Etats-Unis avaient abandonné en septembre leur projet de bouclier antimissile en Europe centrale. Il prévoyait d'installer un puissant radar en République tchèque, associé à dix intercepteurs de missiles balistiques de longue portée en Pologne.

L’administration Obama a présenté un nouveau projet, après une réévaluation de la menace balistique iranienne. A la différence du plan de l'administration précédente de George W. Bush, il est destiné à contrer des missiles non plus de longue, mais de courte et moyenne portées. Mais Moscou affirme avoir encore des questions sérieuses sur la nouvelle version.

Position française

La France, puissance nucléaire depuis 1966 attend de voir. « Elle n'entend pas changer de politique de dissuasion nucléaire » : c’est ce qu’a déclaré mercredi 7 avril le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner lors d'une audition devant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale.
« Nous avons une force de dissuasion, elle n'attaquera jamais personne et pour le moment nous la maintenons », a insisté le ministre en ajoutant que la France a entre 300 et 300 têtes nucléaires.

Le président Nicolas Sarkozy lors de la visite à Paris de Dmitri Medvedev en mars dernier. 

 

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