L'opposition kirghize dit contrôler presque tout le pays

La dirigeante de l'opposition kirghize, Roza Otounbayeva, a annoncé jeudi 8 avril qu'une élection présidentielle aurait lieu dans six mois et que son gouvernement auto-proclamé contrôlait presque la totalité du pays. Le président évincé Kourmanbek Bakiev a fui la capitale Bichkek. Il se trouverait à Och, son bastion dans le sud du pays, et tenterait de rallier ses partisans. 

Les opposants ont pris le contrôle du Parlement, des principaux locaux du gouvernement, de la présidence ainsi que de la radio diffusion. C'est de là qu'ils ont d'ailleurs annoncé que l'ancienne ministre des Affaires étrangères, Roza Otunbayeva, prenait la tête d'un gouvernement d'intérim. Son premier geste a été d'appeler au calme et surtout de résister à toute provocation des partisans du régime déchu.

Roza Otunbayeva est une femme d'expérience. Il y a cinq ans, lorsque la « Révolution des tulipes » a abouti au renversement du président Akaïev, elle faisait déjà partie de l'équipe prenant le contrôle du pays à ce moment-là. Puis elle a dû prendre ses distances, car le pouvoir du nouveau président Bakiev n'a cessé de se discréditer.

A son arrivée au pouvoir, le président Bakiev était porteur d'énormes espoirs et il n'a cessé de décevoir. Il faut dire qu'il y a cinq ans la rue était venue à bout d'un régime qui, lui, s'imposait depuis des décennies avec le soutien de Moscou.

La « Révolution des tulipes » a bousculé un ordre établi, figé depuis très longtemps. Mais elle n'a pas su répondre aux attentes. Une gestion économique catastrophique a fait de ce pays l'un des plus pauvres du monde. Et surtout, ce qui est devenu intolérable aux yeux de la population, c'est la corruption rampante d'une équipe qui était arrivée au pouvoir justement en critiquant la corruption du régime précédent.

Face à cette situation, on observe une retenue dans les réactions internationales. Américains et Russes ont déploré les violences et se sont montrés soucieux de voir le climat dégénérer mais ils se sont abstenus de soutenir le pouvoir en place. Ce n'est pas étonnant de la part des Russes, qui avaient mal vécu la « Révolution des tulipes ».

De la part des Américains, il semble que l'on compte sur une certaine continuité. S'agissant de l'accès de l'armée américaine à la base de Manas près de Bichkek, vitale pour les opérations militaires de l'OTAN en Afghanistan, elle restera ouverte, a déclaré ce 8 avril Roza Otunbayeva, chef du gouvernement par intérim.

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