Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Le face à face est tendu. 200 policiers armés de boucliers et de matraques sont encerclés sur l'avenue Rajdamri par des dizaines de milliers de chemises rouges. La foule grossit, sans cesse alimentée par des manifestants, arrivant de tous côtés. Après trente minutes, les policiers renoncent. Dans la clameur des cris, ils se retirent penauds, ils retournent, tête baissée, dans l'école où ils sont stationnés. Et le chef de l'unité remercie les leaders des chemises rouges de les laisser partir à si bon compte.
C'est une victoire savoureuse pour les manifestants anti-gouvernementaux. Depuis samedi, ils ont pris le contrôle d'un des plus importants carrefours commerciaux d'Asie du Sud-Est. Et le Premier ministre Abhisit Vejjajiva s'avère incapable de les déloger. Les pertes financières quotidiennes s'élèvent en centaines de millions d'euros. Surtout, l'image de la Thaïlande est durablement affectée.
Un basculement s'est produit aujourd'hui. Les chemises rouges sont dopées par leur succès. La seule issue pour le Premier ministre est de recourir aux forces armées comme l'autorise la loi sur la sécurité intérieure. Mais cette option comporte un haut risque de dérapage violent.