Le Premier ministre britannique Gordon Brown a déclaré ce lundi 5 avril 2010 que l'économie du pays devait être traitée avec autant de précautions que la cheville du joueur de football Wayne Rooney pour limiter le risque d'une nouvelle récession économique. Grand amateur de sport, Brown a utilisé la comparaison footballistique pour expliquer aux électeurs la décision de son gouvernement de reporter de 12 mois les mesures de réduction des dépenses publiques indispensables pour s'attaquer au déficit public. « Je crois que la reprise économique est le principal problème auquel notre pays est confronté, pour cela, nous ne devrions pas retirer de l'argent de l'économie cette année », a déclaré Gordon Brown. Les conservateurs, eux, ont fait de la réduction immédiate du déficit public leur priorité absolue. L'opposition indique qu'elle réduira les dépenses publiques de 6 milliards de livres dès cette année si elle remporte les élections. Elle s’oppose à une éventuelle hausse des taxes et des impôts envisagée récemment par le gouvernement.
Pas de propositions concrètes
Mais les deux camps restent plus au moins flous quant à leurs propositions de réductions. Le Premier ministre britannique a indiqué qu’il comblera la moitié du trou d’ici à 2014, avec un déficit ramené sous les 5% du PIB. Il coupera dans les dépenses mais augmentera aussi les taxes. Comme Brown, le leader des conservateurs, David Cameron, parle de coupes budgétaires sévères… sans les préciser ! Et les deux camps ne cessent de s’attaquer mutuellement sur cette question parce que c’est là-dessus que la victoire va se jouer : la gauche affirme que la droite veut casser les services publics, la droite répond que la hausse des impôts va dégrader la compétitivité des entreprises.
Les finances du pays sont « dans le rouge »
Modèle de réussite avant la crise, l’économie britannique va mal aujourd’hui. Le pays n’est sorti de la récession qu'au dernier trimestre 2009, soit après six trimestres de contraction. La Grande-Bretagne a été l’un des pays les plus touchés par la crise avec un recul de 4,9% du PIB contre 2,2% en France. Cette année le déficit public prévu est de 165,5 milliards de livres (environ 186 milliard d’euros) soit 11,8% du PIB, un chiffre record. La dette en 2010 atteint 54% du PIB et elle atteindra 75% en 2014 selon les prévisions gouvernementales. Côté ménages, l’endettement bat également des records. Il est estimé à 146% du revenu brut à la fin de l'année dernière. Tandis qu'au milieu de l'année 2009, le chômage touchait 7,9% de la population active, selon les normes du Bureau international du travail, du jamais-vu depuis 12 ans. Il est descendu à 7,8% au mois de janvier 2010.