La participation de Christine Lagarde à ce Conseil des ministres est une première. Jamais un ministre d’un autre gouvernement n’a participé à ce genre de réunion. Une présence d’autant plus symbolique que les relations franco-allemandes viennent de traverser une zone de turbulence. Les désaccords entre les deux grands pays européens sur la gestion de la crise financière en Grèce étaient flagrants.
Le compromis entre les deux pays est encore frais. Il y a quinze jours Christine Lagarde employait toujours le ton de la critique pour déclarer que l'Allemagne pénalisait ses voisins en préférant favoriser ses exportations plutôt que la consommation. Pendant ce temps, l’Europe retenait son souffle car le couple franco-allemand demeure l’indispensable moteur de la croissance européenne.
Ce Conseil des ministres, un peu extraordinaire, avait été programmé lors du conseil ministériel franco-allemand du 4 février dernier. L’objectif est de coordonner les stratégies de sortie de crise et de préparer ensemble des rendez-vous économiques internationaux.
Un ordre du jour économique
La ministre française des Finances, a souligné « l'importance consacrée aux positions européennes » par ses confrères allemands, « nous ne le faisons pas en France » a-t-elle ajouté. Elle a également été très frappée par l'importance et la concordance de vue sur les grandes questions européennes et par la qualité du dialogue entre les différents ministres.
A l’ordre du jour, le projet allemand de taxer les banques pour financer d'éventuelles restructurations bancaires. Le principe de l'instauration d'une taxe sur les banques, qui doit alimenter à hauteur de plus d'un milliard d'euros par an un fonds de secours, a été adopté. Les banques allemandes seront taxées en fonction de leur « risque systémique » potentiel, c'est-à-dire du niveau de risque qu’elles représentent pour l’économie. L’objectif est de mettre en place un régime qui permette « des interventions à un stade précoce » en cas de crise et « la fermeture de banques importantes, y compris les banques transfrontalières » en ultime recours.
Christine Lagarde et son homologue allemand, Wolfgang Schäuble, ont insisté à l’issue de ce Conseil des ministres sur l'entente, la confiance et la convergence franco-allemande sur les questions économiques et financières. « La coopération franco-allemande est étroite, le devient de plus en plus, et est empreinte de confiance », a déclaré le ministre des Finances allemand.
Un échange de bon procédé
La visite de Christine Lagarde à Berlin sera suivie de celle du ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle. Il participera au Conseil des ministres à l’Elysée, le 14 avril.
Les rencontres de la jeunesse franco-allemande ne suffisent plus. L’amélioration des relations entre Français et Allemands passent désormais par des échanges au plus haut niveau. Une meilleure connaissance des positions des uns et des autres devrait favoriser l’élaboration de stratégie commune dans l’intérêt des deux pays mais surtout dans l’intérêt de l’Union européenne car sans une bonne relation franco-allemande, il n’y a pas de dynamique européenne.