Français et Allemands se retrouvent entre amis

Ce sont des retrouvailles entre amis, mais le repas en grande pompe à l’Elysée sera garni de sujets délicats. Au menu: la sortie de crise, le financement de l’avion de transport A400M et la situation en Afghanistan. La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy, se retrouveront le jeudi 4 février 2010 à Paris pour un conseil des ministres conjoint – le premier depuis l’entrée en fonction du nouveau gouvernement allemand.

« L’amitié franco-allemande est un trésor », avait lancé le président Sarkozy à son amie Angela, lors de la commémoration commune de l’armistice de la Première Guerre mondiale, le 11 novembre 2009. « Vive l’amitié franco-allemande », répondait Angela Merkel dans un français hésitant, mais empreint d’émotion.

La photo du couple franco-allemand sous l’Arc de Triomphe était une première : jamais auparavant, un chef de gouvernement allemand n’avait accepté de se rendre en France pour cette célébration de la fin de la Grande Guerre de 1914 à 1918. « Une cérémonie inédite conçue comme un nouvel épisode de l’amitié franco-allemande », écrivait alors le journal Le Figaro. Juste deux jours après avoir fêté les 20 ans de la chute du mur à Berlin, l’amitié entre Français et Allemands était au beau fixe, après les crispations de 2007 et 2008.

Après les fastes, le travail

Aujourd’hui, deux mois après que l’hymne allemand a retenti sous l’Arc de Triomphe, les ministres de la France et de l’Allemagne tenteront donc d’écrire ce nouvel épisode de leur amitié bilatérale. Après les fastes, le travail. Lors de la journée franco-allemande le 22 janvier dernier, le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes s’est rendu à Berlin pour préparer le terrain avec son homologue allemand, Werner Hoyer :   « Nous avons beaucoup travaillé afin d’élaborer une quarantaine de propositions pour une relance franco-allemande », a dit Pierre Lellouche lors de ses vœux à la presse le 26 janvier, « propositions que nous avons remis à Angela Merkel et à Nicolas Sarkozy ».

A eux maintenant de faire le tri dans cet « Agenda franco-allemand 2020 » qui s’articule autour de six axes de travail :

•la préparation des stratégies coordonnées de sortie de crise avec des efforts conjoints pour une meilleure régulation financière
•une coopération renforcée dans les domaines de l’énergie et du climat (la France et l’Allemagne souhaitent créer un standard européen unique en matière de voiture électrique)
•la priorité sera donnée à l’innovation, la recherche, l’éducation et l’enseignement supérieur comme moteur de la croissance et de l’emploi
•en matière de politique étrangère, de défense et de sécurité intérieure, les deux pays veulent se rapprocher davantage
•un accord relatif au régime matrimonial franco-allemand devrait être signé à l’occasion du conseil des ministres conjoint (les divorces binationaux posant toujours problème)
•des nouvelles pistes de coopération institutionnelle devraient être débattues (même si l’idée française d’un ministère franco-allemand semble être snobée par Berlin)

«Ils ont intérêt à coopérer »

Selon le politologue Hans Stark de l’Institut français des relations internationales, interrogé par Reuters, en l’Allemagne il y a aujourd’hui une vraie volonté pour un nouveau départ : « Angela Merkel était réélue en 2009 et a bien compris que Nicolas Sarkozy est dans une situation qui lui permet de dominer la politique française peut-être même au-delà de 2012. Ils ont intérêt à coopérer. »

Au-delà des perspectives à long terme, bien d’autres sujets - pas moins épineux - sont au menu de ce 12ème sommet franco-allemand. Il y a par exemple les tractations sur le financement des énormes surcoûts de l’avion de transport militaire A400M. La maison mère d’Airbus, le groupe européen EADS, demande le partage des 11 milliards d’euros de dépassement de coûts du programme. Avec respectivement 60 et 50 avions commandés, l’Allemagne et la France sont de loin les plus gros clients.

Dernièrement, Berlin s’était montré très récalcitrant pour accorder une rallonge financière, et il n’est pas exclu qu’un compromis franco-allemand au niveau des ministres de la Défense puisse débloquer la situation. Bien que le sujet soit discuté jeudi à Paris, la présidence française a fait savoir que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ne feront pas de déclaration sur le sort de l’avion à l’issue de leurs pourparlers.

Un autre sujet abordé lors des rencontres à Paris sera la situation en Afghanistan. Berlin vient d’annoncer l’envoi de 500 soldats supplémentaires, tandis que Paris ne compte pas renforcer ses unités de combat déjà sur place.

Pour Pierre Lellouche, il n’y a pas l’ombre d’un doute que l’amitié franco-allemande fera à nouveau ses preuves lors des rencontres à Paris: « L’intimité entre nos deux pays est sans égale en Europe et dans le monde. »

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