Accord humanitaire pour les otages des FARC ?

Les 30 et 31 mars, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont libéré deux militaires, otages de la guérilla marxiste. Ce geste unilatéral était attendu depuis longtemps. Désormais les FARC réclament un accord humanitaire. Le président Uribe n’a pas dit non et le débat rebondit à l’approche de l’élection présidentielle.

Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont libéré mardi 30 mars 2010 un otage détenu depuis 12 ans. Le sergent Pablo Emilio Moncayo avait été enlevé en 1997. C'est la deuxième libération unilatérale en quelques jours mais aussi « la dernière », prévient la guérilla qui réclame toujours l'élargissement de ses combattants emprisonnés par le gouvernement. L'hypothèse d'un échange humanitaire est évoquée et le contexte pourrait être favorable.

Pendant deux mandats, Alvaro Uribe est resté inflexible : pas de négociations avec les criminels. Mais, à la veille de quitter le fauteuil présidentiel, le chef de l'Etat envisage l'hypothèse d'un échange humanitaire. L’élection présidentielle est prévue à la fin du mois de mai prochain. Officiellement, les Forces armées révolutionnaires de Colombie ne détiennent plus aucun otage civil mais 22 soldats et policiers sont toujours retenus dans la jungle. La guérilla a prévenu, avec une pointe de cynisme : les deux libérations unilatérales qui viennent d'avoir lieu sont les dernières.

Les FARC, en lutte contre l’Etat colombien depuis 40 ans, réclament en échange des derniers otages les combattants incarcérés dans les prisons colombiennes. Le président Uribe ne dit pas non mais ce n'est pas la première fois et il n’y a jamais eu ni accords ni pourparlers de paix. Cette fois encore l'échange humanitaire serait assorti de conditions suffisamment vagues pour faire durer les négociations. Les rebelles doivent par exemple s'engager à déposer les armes à leur sortie de prison. Par ailleurs, la démilitarisation d'une partie de la jungle, fief des FARC, n'est pas envisageable.

Négocier ou pas avec la guérilla ?

Le débat revient sur la place publique à l'approche du scrutin. Ce calendrier peut aussi bien favoriser le dialogue que ralentir le processus. Alvaro Uribe pourrait en effet être tenté de quitter le pouvoir sur un geste de mansuétude, il n’a plus rien à perdre puisque la Constitution l’empêche de briguer un troisième mandat. A l'inverse, une campagne électorale est souvent synonyme de surenchère et de déclarations intransigeantes.

Or, le successeur d’Alvaro Uribe sera tenté de poursuivre la politique de fermeté qui a été menée jusqu’à présent, une posture plutôt populaire. Seules les ONG pour la paix et les intellectuels de gauche accusent le chef de l’Etat d’être en partie responsable, par son inflexibilité, du sort des otages. Le prochain gouvernement devra de toute façon s’occuper du dossier.

Le 30 mars, après avoir retrouvé sa famille au terme de 12 années de captivité, le sergent Pablo Emilio Moncayo a remercié Dieu et son père qui a toujours défendu le statut de victime de son fils. Le militaire a aussi rendu un hommage appuyé aux présidents de l’Equateur et du Venezuela qui ont joué les médiateurs. A aucun moment le nom d’Alvaro Uribe n’a été prononcé.

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