Ce sont les généraux qui se frottent les mains. La junte est passée maître dans la manipulation politique. Cette fois le piège tendu à l’opposition birmane pouvait se résumer dans ce choix cornélien : soit vous allez aux élections sans Aung San Suu Kyi, soit vous passez à côté des premières législatives organisées depuis 20 ans dans le pays.
On imagine combien les débats ont dû être houleux. Toute la journée les membres de la Ligue nationale pour la démocratie étaient réunis pour affronter cette décision, ô combien déchirante. Là encore, les militaires marquent un point. Car forcément le parti en ressort divisé. Les plus anciens ont décidé de suivre la décision de leur leader et donc de boycotter ces élections, d’autres ont fait savoir au contraire qu’ils avaient choisi d'aller à la bataille pour « sauver le parti ».
Cela fait deux décennies maintenant que la LND survit avec un manque de moyens et des bureaux en province qui sont restés jusqu’à ces derniers jours fermés sur ordre du gouvernement. Choix cornélien, donc.
Nous ne pouvons pas participer à des élections « sous des lois injustes », a martelé Aung San Suu Kyi, la lauréate du prix Nobel de la paix, toujours assignée à résidence. Un message que la LND répète depuis plusieurs mois. Le texte de la nouvelle Constitution prévoyait déjà d’écarter les leaders de l’opposition et de réserver un quart des sièges de la future Assemblée à l'armée.