Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
C'est un scénario machiavélique. Les nouvelles lois électorales interdisent à toute personne condamnée à une peine de prison d'être membre d'un parti politique. Cette disposition vise expressément Aung San Suu Kyi, laquelle a été assignée à résidence jusqu'en novembre pour avoir hébergé sans autorisation un visiteur américain.
Aung San Suu Kyi ne pourra donc pas être candidate aux élections. En fait, la Constitution l'excluait déjà du scrutin du fait de son mariage avec un étranger, le Britannique Michaël Aris.
Mais les nouvelles lois pourraient aussi en théorie forcer le parti d'Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie, à l'expulser de ses rangs. Il est évidemment peu imaginable que la Ligue prenne une telle mesure. Aung San Suu Kyi a été la fondatrice du parti ; elle en est la figure de proue depuis vingt ans.
En la conservant dans ses rangs, la Ligue s'expose toutefois à être purement et simplement dissoute. C'est donc un redoutable piège qu'ont posé les généraux birmans.
Quelque soit l'option choisie, le mouvement d'opposition se retrouve en mauvaise posture. Les dirigeants de la Ligue vont devoir se décider rapidement. Les partis politiques ont soixante jours pour s'enregistrer pour le scrutin.
Une déception pour les Américains
Les Américains ont fait part de leurs regrets. Cela signifie que leurs récents efforts, leur approche plus conciliante avec les Birmans sont réduits à néant. Les Etats-Unis ont engagé cette politique de dialogue direct depuis l’été dernier avec pour objectif de persuader les généraux d’organiser des élections qui soient relativement crédibles.
C’est bien sûr une très grosse déception pour les officiels américains car sur le plan des conditions d’organisation concrètes des élections, il n’y a eu aucun progrès. Au contraire, comme on le voit avec ces lois, c’est une marche-arrière.