Réforme de santé : la victoire historique d’Obama

Après des mois de négociations au Congrès, la chambre des Représentants américains a approuvé ce dimanche 21 mars au soir, avec 7 voix de majorité, le texte adopté en décembre dernier par le Sénat. Cette réforme historique de l'assurance maladie va garantir une couverture à 32 millions d'Américains qui en sont dépourvus. Récit des dernières heures d'une bataille mémorable.

Avec notre envoyée spéciale permanente à Washington, Donaig Le Du

219 voix pour, 212 contre, la loi sur la réforme de l’assurance maladie est adoptée. Dans l’hémicycle, les démocrates s’étreignent. Il est presque 23h, les débats auront duré dix heures.
 

Ce sera un dimanche dont on se souviendra longtemps, ici à Washington. Par une belle après midi de printemps, des manifestants, rassemblés devant la Capitole, criant sans relâche « Kill the Bill », tuez la loi, dans l’espoir de mettre un peu plus de pression sur les parlementaires réunis à l’intérieur.

C’est un combat d’arrière-garde, et ils le savent déjà. En début d’après midi, Barack Obama a réussi à convaincre certains des démocrates qui trainaient encore des pieds. Il a promis de signer un décret stipulant qu’il n’y aura pas de fonds publics pour financer l’avortement.

Dès lors, le suspense est presque levé. Le chef de la minorité républicaine, John Boehner, plaide contre la loi, mais le cœur n’y est plus. « Nous n’avons pas écouté l’Amérique, dit-il, et nous n’avons pas respecté la volonté de ceux qui nous ont élus. »

« Aujourd’hui, lui répond Nancy Pelosi, la président démocrate de la Chambre, nous sommes arrivés à un moment historique. Nous avons l’occasion de faire de l’assurance maladie pour tous les Américains un droit, et non plus un privilège ».

Pas de triomphalisme

Barack Obama a donc réussi là où tant d’autres avant lui ont échoué. Il a réussi alors que tout le monde croyait que c’était perdu. Et pourtant, peu avant minuit, c’est un président souriant mais grave, se gardant bien de tout triomphalisme, qui s’est adressé à ses concitoyens :
 

« Ce soir, après près d’un siècle de discussions et de frustrations, après que l’on ait passé des décennies à essayer, et après un an de travail et de débats, le Congrès des Etats-Unis a finalement déclaré que les travailleurs américains et les familles américaines méritaient la sécurité de savoir qu’ici, dans ce pays, ni une maladie ni un accident ne devrait mettre en péril le rêve construit en une vie de travail.
Ce n’est pas la victoire d’un parti, c’est la victoire du peuple américain, et c’est la victoire du bon sens. Ce n’est pas une réforme radicale, mais c’est une réforme majeure. Cette loi ne va pas régler tous les problèmes de notre système de santé, mais c’est un pas décisif dans la bonne direction. C’est à ça que ressemble le changement. »

Et peu importe, finalement, si le texte a été amendé au point de n’être qu’une pâle copie du projet initial. Peu importe que Barack Obama ait été obligé de céder, et de signer ce décret interdisant l’emploi de fonds publics pour financer des avortements.
Après des mois de doutes et d’incertitudes, il a tenu sa promesse, il a réussi.

« Un vote historique », dit ce lundi matin la presse américaine. Et dans un grand élan lyrique, certains observateurs affirment même qu’il s’agit de la plus importante réforme votée aux Etats-Unis depuis quarante ans.

 

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