Avec notre correspondant au Vatican, Antoine-Marie Izoard
C’est une longue lettre. C’est une lettre pastorale au ton très personnel que Benoît XVI vient d’adresser aux catholiques d’Irlande.
Il y reconnaît les « graves erreurs » de certains évêques ayant couvert les actes pédophiles de prêtres pendant des décennies afin de, reconnaît le pape, « de protéger l’Eglise ».
Le pape se dit « scandalisé et blessé » par les actes de certains prêtres, il fait part de la « honte » et des « remords » de toute l’Eglise et affirme aux victimes dont la « confiance à été trahie » qu’il est « vraiment désolé ».
Comme il l’a déjà fait il y a deux ans aux Etats-Unis ou en Australie, Benoît XVI se dit prêt à rencontrer une nouvelle fois un groupe de victimes.
Dans cette longue lettre, le pape demande aussi aux prêtres et aux religieux coupables d’abus sexuels de répondre de leurs actes « devant Dieu », mais aussi « devant les tribunaux ».
Il n’annonce pas de nouvelles normes, mais il fait part de son intention de lancer une « visite apostolique » dans certains diocèses et séminaires d’Irlande, entendez par là une enquête.
Et par cette lettre, exceptionnelle, le pape souhaite aussi redonner confiance à tous ceux, ils sont nombreux, qui se sont sentis trahis par leurs prêtres et par les autorités de l’Eglise d’Irlande.
On peut dire que ce message est d’une fermeté inédite jusqu’à présent. Il est vrai que le pape n’y va pas par quatre chemins. Il s’adresse à la fois directement aux victimes, puis aux prêtres ou aux religieux coupables d’actes pédophiles. Certains lui reprocheront certainement déjà de ne considérer là que le cas de l’Eglise d’Irlande.
Mais la lettre est à la hauteur du séisme subi dans le pays. Et puis il répond en quelque sorte à toutes les autres situations.
Et puis, à crise exceptionnelle, réponse exceptionnelle. C’est seulement la deuxième fois de son pontificat que Benoît XVI prend ainsi sa plume. La première fois, c’était il y a un an. Il avait écrit aux évêques du monde entier pour répondre à la crise suscitée par son choix de lever l’excommunication qui pesait sur quatre évêques lefebvristes, dont le fameux Mgr Richard Williamson.