Coût de la reconstruction en Haïti : 11,5 milliards de dollars

Le plan de reconstruction d’Haïti se dessine. Le gouvernement a dressé avec l’aide la Banque mondiale, une première évaluation des besoins. Ce rapport servira de base à la conférence internationale pour Haïti qui se réunit le 31 mars prochain à New York.

« Depuis 35 ans que la Banque mondiale applique sa méthode d’estimation des dégâts et des pertes, c’est la première fois que le coût d’une catastrophe naturelle est si élevé par rapport à l’économie du pays ». Ce constat cité dans le rapport du gouvernement haïtien en dit long sur la tâche qui attend le gouvernement dans les années à venir.

 L’étude évalue les dégâts à près de 8 milliards de dollars, soit plus de 120% du Produit intérieur brut du pays, auxquels il faut ajouter la prise en compte de la gestion du risque, la reconstruction aux normes, les mesures environnementales. Car à peu près tout est à reconstruire : écoles, hôpitaux, routes, ponts, immeubles, ports et aéroports.

Le montant global n’est qu’une estimation. Pour le gouvernement et la Banque mondiale, le montant de la reconstruction se situe quelque part entre 8 et 14 milliards de dollars : 50% pour le secteur social, 17% pour les infrastructures et le bâtiment et 15% pour l’environnement et la gestion du risque. Pour lutter contre la surpopulation et la misère, le rapport recommande d’investir en dehors de la capitale. Le gouvernement espère créer de nouveaux « pôles de croissance ».

Aider l’agriculture

Il faut faire vite car 1,3 million d’Haïtiens sont sans abri depuis le 12 janvier. 700 000 vivent dans des camps de fortune dont plus de 200 000 n’ont pas quitté Port-au-Prince. Les plus chanceux, ceux qui ne vivent pas dans des camps, ont pu trouver refuge dans de la famille à la campagne. C’est une meilleure solution pour les individus, mais c’est aussi un risque pour l’avenir d’Haïti. C’est une nouvelle charge pour des familles paysannes déjà très pauvres qui, pour pouvoir nourrir ces bouches supplémentaires, ont consommé les semences qui avaient été mises de côté. Du coup, ce sont les prochaines récoltes qui sont hypothéquées. Or les semis de printemps représentent 60% de la production agricole annuelle.
 

La FAO, l’Agence des Nations Unies pour l’Agriculture vient de lancer une grande campagne pour aider 100 000 paysans haïtiens. L’agence distribue des semences de maïs, de pois, de haricots noirs mais aussi d’outils et de semences. Des outils indispensables alors que jusqu’à présent, les paysans très pauvres étaient obligés de les louer aux riches propriétaires terriens. Le directeur de la FAO, Jacques Diouf, est venu lui-même lancer cette campagne et estimer par lui-même la situation sur place.

L’agriculture est l’obsession du président haïtien, René Préval. Le tremblement de terre a ruiné les efforts de son gouvernement : en 2009, la production agricole avait augmenté de 25% et le nombre de personnes en insécurité alimentaire avait chuté de 2,5 à 1,9 million.
« On était sur la bonne voie. Ne régressons pas », a-t-il déclaré à l’occasion de cette campagne.

A New York, le 31 mars prochain, le gouvernement haïtien aidé d’experts devra convaincre les pays donateurs que l’avenir d’Haïti passe par l’agriculture, que si ce n’est pas le secteur le plus visiblement touché, c’est celui dont dépendent le plus les Haïtiens aujourd’hui.

Trouver un toit

Encore faut-il que Dame Nature se montre plus clémente et que la prochaine saison de pluie ne soit ni trop avare ni trop abondante, que les inondations qui ont frappé le sud-ouest d’Haïti fin février ne se reproduisent pas.

Les Nations unies et le gouvernement haïtien sont engagés dans une véritable course contre la montre pour trouver un toit pour les 700 000 sans-abri qui vivent sous des tentes ou des constructions de fortune, la plupart du temps autour de Port-au-Prince. 160 ingénieurs spécialistes sont sur place pour déterminer quels sont les bâtiments qui peuvent encore être habités et ceux qui présentent un danger. Les pluies qui arrivent risquent de transformer les camps improvisés en véritables réserves de bactéries, si toutefois, la saison des ouragans ne balaie pas purement et simplement, les installations rudimentaires.

L’UNICEF rappelle que ce sont les enfants qui sont les plus menacés par les mauvaises conditions d’hygiène et les diarrhées. 250 000 enfants vivent dans ces camps de fortune depuis plus de deux mois. Initialement, le gouvernement voulait créer cinq camps en dehors de Port-au-Prince pour accueillir les sans-abri, mais le projet était trop coûteux et a dû être abandonné.

Les autorités visent l’évacuation de 29 des 425 camps sauvages qui se sont installés dans la capitale et qui sont les plus vulnérables aux inondations. Les populations sont informées par la radio, par textos sur les nombreux téléphones portables ou encore par la télévision, notamment pendant les séries télévisées préférées des Haïtiens. A marche forcée, le gouvernement haïtien pense la reconstruction d’Haïti. La conférence de New York devra lui apporter les moyens financiers.

 

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