Hamid Karzaï est furieux de l'arrestation du numéro deux des talibans, le mois dernier, à Karachi au Pakistan. Il l'est d'autant plus que la capture d'Abdul Ghani Baradar serait le fruit d'une collaboration fructueuse entre les services secrets américains et pakistanais.
Cette opération survient dans un contexte de recherche d'une solution politique pour mettre fin au conflit. Et pour le président afghan, c'est incontournable, il n'y aura pas d'issue possible si on ne discute pas avec « l'ennemi » c'est-à-dire avec les talibans. Et justement, le mois dernier, c'est un interlocuteur capital qui a été ainsi neutralisé.
Baradar ne représente pas la totalité des insurgés, mais il dispose d'une autorité incontestable et il avait manifesté de bonnes dispositions à l'égard d'un processus de réconciliation.
Des contacts fructueux avaient même été noués selon des sources proches du gouvernement afghan. Avec l'arrestation de Baradar, l'initiative du président Karzaï est purement et simplement « torpillée » par ses propres alliés. Sauf que le Pakistan est un allié à géométrie variable, dont les critères en matière de sécurité ne sont pas forcément ajustés à ceux du voisin.
Quant aux Américains, ils pinaillent sur la définition du « bon taliban », c'est-à-dire du « taliban modéré », « présentable » celui avec lequel il serait possible de discuter un retrait en bon ordre des troupes américaines que le président Obama a programmé pour juillet 2011.